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Cinq ans de prison pour l’activiste qui avait tenté de lancer #metoo en Chine

La journaliste Huang Xueqin a été condamnée pour « tentative de subversion du pouvoir de l’Etat ». Le militant des droits des travailleurs Wang Jianbing écope, lui, de trois ans et demi de prison.

Par  (Pékin, correspondant)

Publié le 14 juin 2024 à 17h21, modifié le 15 juin 2024 à 07h03

Temps de Lecture 3 min.

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La journaliste chinoise Huang Xueqin, à Singapour, en septembre 2017.

La journaliste Huang Xueqin et le militant des droits des travailleurs Wang Jianbing font partie de ces Chinois qui, malgré la répression impitoyable qui s’exerce dans le pays, osaient encore se mobiliser, dénonçant les agressions sexuelles à l’encontre des femmes. Le prix de cet engagement est tombé, vendredi 14 juin, sous la forme d’un verdict d’une cour de Canton : cinq ans de prison pour elle, trois ans et demi pour lui, pour « tentative de subversion du pouvoir de l’Etat ». Leur condamnation intervient après déjà mille jours de détention.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés En Chine, une répression toujours plus mordante

Huang Xueqin, née en 1988, a commencé sa carrière dans les médias officiels dans la province du Guangdong (sud-est), avant de devenir journaliste d’investigation indépendante. Elle-même victime de harcèlement sexuel au travail, elle constate que nombre de consœurs sont confrontées à la même situation et lance en 2017 un groupe sur la messagerie WeChat, équivalent chinois de WhatsApp, où les femmes peuvent dénoncer les agressions.

Elle entre ainsi en contact avec une ancienne doctorante de la prestigieuse université Beihang de Pékin, Luo Xixi, qui lui détaille comment son superviseur de thèse, un professeur respecté du nom de Chen Xiaowu, a essayé de l’agresser sexuellement. Elles révèlent ensemble l’affaire par des posts sur Weibo, le Twitter chinois, suscitant un débat inédit dans un pays où la presse d’Etat n’évoque pas ces cas. Le professeur finit par être licencié.

« Xueqin m’a sauvé la vie »

Huang Xueqin réalise également un sondage à la fin 2017 auprès de plusieurs centaines de journalistes chinoises, qui conclut que seules 16 % d’entre elles n’ont jamais été harcelées, que 23 % l’ont été une fois, 42 % de deux à quatre fois, 18 % cinq fois ou plus. Une victime avait témoigné à son propos : « Xueqin m’a sauvé la vie. J’ai été agressée sexuellement et en suis restée profondément en difficulté. C’est Xueqin qui m’a répété encore et encore que ce qui s’était passé n’était pas ma faute. »

Pas question cependant pour les autorités chinoises de laisser un mouvement #metoo s’installer même si en parallèle, en 2022, la législation contre le harcèlement sexuel au travail a été précisée et renforcée. Déjà, en 2015, cinq féministes qui entendaient dénoncer les agressions dans les transports en distribuant des autocollants dans le métro lors de la Journée internationale des droits des femmes avaient été détenues plusieurs semaines. La joueuse de tennis Peng Shuai, qui, en novembre 2021, avait accusé de viol un ex-vice-premier ministre, Zhang Gaoli, avait temporairement disparu et a depuis été contrainte au silence.

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