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Aux Philippines, le grand retour des Etats-Unis pour contrer la Chine

Après une période d’émancipation de la tutelle américaine, Manille a renoué avec la superpuissance pour contenir l’offensive de Pékin en mer de Chine méridionale, notamment autour des îlots très convoités pour le gaz et leurs positions stratégiques.

Par  (Manille, Masinloc et Subic Bay [Philippines], envoyé spécial)

Publié le 23 juin 2024 à 06h07

Temps de Lecture 14 min.

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Un garde-côte philippin observe un navire d’une milice chinoise naviguant à proximité, lors d’une mission de réapprovisionnement des troupes stationnées sur le banc Second Thomas, en mer de Chine méridionale, le 5 mars 2024.

Du haut de ses 81 ans, Edicio Dela Torre n’en revient toujours pas. « J’ai passé neuf ans en prison sous la dictature de Ferdinand Marcos. Et voici que je me sens proche de son fils [le président philippin Bongbong Marcos] et des Etats-Unis. Cela existe, les patriotes sur le tard ? », nous dit-il, sourire en coin, cheveux gris lissés en arrière, au siège du Mouvement de reconstruction rurale des Philippines, une organisation de gauche d’aide aux paysans dont il est président, dans le grand Manille. Ancien curé et figure du combat pour la démocratie, Edicio est le coorganisateur, avec la formation sociale-démocrate Akbayan, d’un nouveau mouvement citoyen qui a frappé les esprits : Atin Ito, « C’est à nous ! » en tagalog. Atin Ito a organisé deux expéditions en mer de Chine méridionale pour soutenir les pêcheurs et les gardes-côtes philippins face aux navires chinois à proximité de deux atolls dont la Chine veut couper l’accès aux Philippins : le banc Second Thomas, en décembre 2023, et l’atoll de Scarborough, le 15 mai. Deux atolls situés dans la zone économique exclusive (ZEE) des Philippines, soit une distance jusqu’à 200 milles marins (370 kilomètres) au large des côtes.

En accord avec les autorités philippines, les flottilles de protestataires sont restées à plusieurs dizaines de milles des atolls concernés. Face au géant chinois, l’extrême prudence reste de mise. La Chine, qui a positionné des dizaines de navires de gardes-côtes pour barrer la route aux manifestants, a autorisé au lendemain de l’expédition de l’atoll de Scarborough ses gardes-côtes à « détenir sans procès, jusqu’à soixante jours, toute personne soupçonnée d’avoir illégalement franchi ses frontières ». Une mesure entrée en vigueur le 15 juin.

L’annonce a provoqué l’indignation des Philippins. « Ils n’ont aucun droit de dire cela. C’est nous qui devons les arrêter ! », réagissait le 7 juin, à Masinloc, la ville côtière face à l’atoll de Scarborough, Leonardo Cuaresma, à la tête d’une association indépendante de pêcheurs. A quelques dizaines de mètres de sa maison en ciment, des banka colorés aux noms d’« Iresse » ou de « Jolynna » sont posés sur le sable gris : c’est sur ces embarcations aux flotteurs en bambou que les pêcheurs rejoignent l’atoll, à plus de vingt heures de navigation, autour d’un « bateau mère » plus important. Ils y pêchent au fusil à harpon et au filet. Or, le lagon de l’atoll est le seul endroit où s’abriter en cas de gros temps : « C’est devenu très dangereux depuis que les Chinois nous empêchent d’y accéder », accuse-t-il.

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