Valentin (tous les témoins ont requis l’anonymat) a « toujours voulu » être papa d’une petite fille. Il ne sait pas vraiment dire pourquoi, si ce n’est qu’il a grandi entouré d’une sœur et de cinq cousines, dont il a apprécié s’occuper en tant qu’aîné. Pourtant, lors de la grossesse de sa femme, le développeur informatique de 29 ans a constamment clamé que le sexe du bébé « n’avait pas d’importance », même auprès de sa compagne – qui affirmait également s’en moquer. Pas envie de l’« embarrasser avec ça », alors qu’elle avait subi auparavant une fausse couche. Peur aussi que l’on trouve ce désir « bizarre », ou que l’enfant souffre de n’avoir pas correspondu au souhait paternel.
Alors, quand Valentin a appris lors d’une échographie que son bébé à venir était un garçon, il a gardé pour lui sa « petite déception », vite éclipsée par la joie de devenir père d’un fils avec qui il a tissé une relation forte. Lorsque l’envie du second – et dernier – enfant est arrivée, son désir est revenu, intact : « Je me disais que je n’avais plus qu’une seule chance d’avoir une fille », se souvient le jeune homme. Cette fois-ci, il s’autorise à dire ouvertement sa préférence, plus acceptable selon lui pour un deuxième enfant – le fameux « choix du roi ». « Quand j’ai su que c’était une petite fille, quel bonheur ! J’ai passé le reste de la journée sur mon petit nuage », confie-t-il.
Avouer sa préférence serait-il mal vu, quand la bienséance voudrait que l’on se réjouisse avant tout, d’une part, d’avoir réussi à concevoir un bébé quand une personne sur six est concernée par l’infertilité dans le monde, et, d’autre part, que ce bébé soit en bonne santé ? Alors que les questions autour du genre occupent une place grandissante dans le débat public, savoir et faire savoir le sexe de son futur bébé n’a jamais été aussi facile : les progrès médicaux permettent de déterminer de plus en plus tôt le sexe du fœtus et les gender reveal parties, ces fêtes où parents et proches découvrent avec plus ou moins de folklore et de larmes le genre du bébé à naître, battent leur plein.
Dans une vidéo publiée mi-mai sur Instagram, l’influenceuse et star de télé-réalité Jazz Correia, déjà mère de trois enfants, dont deux garçons, dévoilait à ses 4 millions d’abonnés attendre son troisième fils, à grand renfort de ballons bleus, en même temps que ses états d’âme. « Mon cœur de maman souhaiterait une princesse, je veux même l’appeler Love. (…) Pourquoi Allah ne m’a pas donné une fille, une petite sœur pour Chelsea, une princesse pour moi ? », se demande-t-elle, la voix pleine de mélancolie sur fond de piano, avant de conclure : « C’est une bénédiction d’avoir des fils, c’est une protection pour une mère. Il m’a fallu quelques jours pour l’accepter. »
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