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Corinne Maier, écrivaine et psychanalyste : « En tant que mère, il faut de la distance, de l’indifférence, il faut s’en foutre »

« Vie de parents ». Une personnalité évoque les joies et les épreuves de son quotidien avec des enfants. L’autrice de 60 ans, dont la fille et le fils ont désormais la vingtaine, enjoint aux mères d’être plus égoïstes et de renoncer au mirage de la « mère parfaite ». Des conseils qu’elle regrette de ne pas avoir (assez) suivis.

Propos recueillis par 

Publié le 04 février 2024 à 05h50, modifié le 04 février 2024 à 09h20

Temps de Lecture 5 min.

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Corinne Maier, à Paris, en novembre 2023.

Dans Me first ! Manifeste pour un égoïsme au féminin (L’Observatoire, 160 pages, 18 euros), en librairie ce 31 janvier, Corinne Maier consacre trois chapitres aux enfants : le premier invite à oser ne pas en avoir (pas vraiment une surprise de la part de celle qui avait publié en 2007 No Kid, chez Michalon) ; le chapitre suivant enjoint, si on a refusé de suivre le conseil précédent, de refuser d’être une bonne mère ; et le troisième recommande de faire garder ses petits autant qu’on peut.

« Passer vingt ans à concentrer vos forces sur l’éducation d’un enfant n’est pas raisonnable », argumente l’autrice et psychanalyste, qui a aussi longtemps travaillé comme économiste, puisque « le temps est l’un des rares actifs que vous ne pourrez jamais augmenter quoi que vous fassiez ». Quant à l’injonction à être une mère parfaite, elle fait remarquer que sa génération a réussi à devenir adulte, et avec une belle espérance de vie, sans avoir été nourrie au sein, sans aller aux bébés nageurs ni aux activités d’éveil, et en mangeant des boîtes de conserve.

A 60 ans, Corinne Maier reconnaît avoir enfreint toutes ces règles. Elle a deux enfants, un fils de 27 ans et une fille de 29 ans et, en les élevant, admet avoir « préféré le lâche altruisme au courage de l’égoïsme libérateur ».

Lire aussi la chronique : Article réservé à nos abonnés Parentologie : le ras-le-bol de la maman parfaite

La première fois que vous vous êtes sentie mère ?

Tout simplement au moment de l’accouchement. J’ai senti que j’étais responsable d’un autre être humain pour des décennies.

Avez-vous déjà pleuré devant vos enfants ?

Oui, une fois, lors du décès de mon oncle que j’aimais beaucoup. Ils devaient avoir 6 ans et 8 ans. J’étais à côté d’eux quand je l’ai appris. J’étais en larmes alors que je ne pleure quasiment jamais.

La pire chose que vous ayez dite à vos enfants ?

Un jour, j’ai lancé à mon fils : « L’éducation qu’on t’a donnée est un échec ! » Il venait encore de se faire virer d’une école. Il faut dire que mon fils n’est pas facile à caser, il s’intègre difficilement. Plusieurs fois, on a dû le changer d’établissement. Je n’en pouvais plus des négociations avec les équipes pédagogiques. Je le lui ai dit sous le coup de la colère. Je dois reconnaître que c’était un peu rude.

La pire chose que vos enfants vous aient dite ?

Un jour où je rangeais mes archives dans de grands dossiers de bureau, ma fille, qui devait avoir 8 ou 9 ans, m’a dit : « Quand tu seras morte, je brûlerai toutes tes archives. » Je me suis demandé pourquoi elle m’avait dit ça. J’ai digéré l’affaire en me disant qu’elle avait raison : quand les parents meurent, il faut savoir déblayer. D’ailleurs, moi-même, j’avance en jetant ou en donnant…

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