« Ce n’est pas parce qu’on n’a pas beaucoup d’argent qu’on n’a pas de questions. » Ainsi Héloïse Bolle, 48 ans, justifie-t-elle l’existence d’Oseille et compagnie, son entreprise de conseil et d’information financière à destination de ceux à qui les sociétés de gestion de patrimoine ne s’adressent pas. Sur son compte Instagram, dans son premier livre, Les bons comptes font les bons amants (Cherche Midi, 2019), puis, dans le suivant, Aux thunes citoyennes ! (Alisio, 2023) − tous deux coécrits −, elle attire l’attention sur la mauvaise répartition de l’argent dans le couple.
C’est peut-être ce qui explique que sa clientèle soit majoritairement féminine. « Ce qui est dangereux, c’est la posture sacrificielle dont les femmes n’ont pas toujours conscience et qui peut les amener à faire des erreurs. Par exemple, à accepter des séparations dans des conditions qui leur sont très défavorables, parce qu’elles ne veulent pas changer l’environnement de leurs enfants pour ne pas les perturber. Ou bien à épargner beaucoup sur les comptes de leurs enfants et peu pour elles. Ou encore, à passer beaucoup de temps avec leurs enfants, avec un coût pour elles dont elles n’ont pas toujours conscience… », dit-elle aujourd’hui. Son fils a 19 ans, sa fille 16. Elle vit avec eux et leur père à Paris.
La pire chose que vos enfants vous aient dite ?
Un jour, le mot « feuilleton » m’a échappé. Je voulais regarder tranquillement un « feuilleton ». Mon fils m’a répondu : « Arrête de dire “feuilleton”. Les gens qui disent “feuilleton”, à part ta mère, ils sont tous morts. »
La manie qui vous agaçait chez vos parents et que vous reproduisez quand même ?
Quand j’étais au lycée, ma mère était déléguée des parents pour avoir plus d’infos et de contacts. Cela m’avait rendue dingue. Quand mon fils était en 2de, il n’y avait pas de parent candidat délégué et je me suis retrouvée à le faire. Il était furieux pour les mêmes raisons que je l’avais été à son âge, il trouvait qu’on interférait trop, qu’on ne lui faisait pas confiance…
L’histoire que vous avez préféré leur lire ?
Gros-Lapin [la première phrase du livre étant « Gros-Lapin a un problème »]. Le problème a une représentation physique dans le livre. C’est une énorme masse grise, qui se déplace quand il essaie de la fuir, qui passe derrière le frigo… Le problème se résout avec l’apparition des amis.
Le rapport aux écrans ?
Quand ils étaient petits et que je voyais des enfants avec des smartphones, cela me faisait peur, alors ils ont eu des vieux Nokia jusqu’au lycée. On passait pour des tortionnaires. Maintenant, les deux ont des smartphones, ils en consomment trop et nous aussi, d’ailleurs, avec cette excuse bidon du travail. Le seul moment où le téléphone est interdit pour tout le monde, ce sont les repas en famille.
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