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Christophe André, psychiatre : « On élève nos enfants avec nos comportements plutôt qu’avec nos bla-bla éducatifs »

« Vie de parents ». Une personnalité évoque les joies et les épreuves de son quotidien avec des enfants. Le praticien de 67 ans est père de trois filles, trois « adultes sympas ». Celui qui s’est fait connaître par ses ouvrages sur le bonheur, la méditation ou la psychologie positive admet qu’il se sent démuni quand elles souffrent.

Propos recueillis par 

Publié le 17 mars 2024 à 05h45, modifié le 17 mars 2024 à 15h40

Temps de Lecture 7 min.

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Christophe André, à Paris, en décembre 2022.

Psychiatre médiatique et auteur de livres à succès, Christophe André, 67 ans, a trois filles, âgées de 25 à 31 ans. Et même pour ce célèbre apôtre de la méditation, le parcours de parent n’a pas été un long fleuve tranquille. Celui qui a publié en janvier S’estimer et s’oublier (Odile Jacob, 400 pages, 22,90 euros), un essai consacré à l’estime de soi, se souvient du moment où il a senti que ses enfants le regardaient autrement, de ses doutes pendant leur adolescence et de son souci de demeurer une référence.

La première fois que vous vous êtes senti père ?

Bien sûr, j’ai des souvenirs très forts de la naissance, et de la première fois où j’ai tenu mon enfant dans les bras. Mais j’ai aussi un souvenir flash du moment où j’ai senti que ma vie allait changer. C’était après la naissance. Ma fille et mon épouse étaient encore à la maternité. Je venais de rentrer au petit matin. Je me suis assis dans un fauteuil et, tout à coup, le vertige de l’irréversible m’a pris. J’ai senti que plus rien ne serait comme avant. Parce qu’un couple cela peut se défaire… Mais les liens de la paternité, non !

Une autre première fois m’a marqué. Quand mes filles avaient vers 8-10 ans, j’ai senti qu’elles commençaient à me juger. Je me suis senti un père vu de l’extérieur. Parce que, jusqu’à ce que nos enfants aient entre 7 ans et 9 ans, on sent qu’on est des demi-dieux, des êtres invulnérables à leurs yeux. Et puis il y a un moment où on perçoit qu’ils nous observent et commencent à nous juger. J’ai senti que l’admiration de mes filles cessait d’être inconditionnelle, qu’il me faudrait m’améliorer. Chaque fois qu’elles me voyaient ne pas bien faire les choses, être stressé, agacé pour des bêtises, je m’apercevais qu’elles observaient. Je me disais qu’il fallait que je me bonifie, que l’image que je donnais était importante.

Avez-vous déjà pleuré devant vos enfants ?

Oui, assez tard. Comme tous les hommes de ma génération, j’ai tendance à verrouiller. Mais avec l’âge, on retient moins bien ses émotions et je me suis fait piéger. C’était il y a sept ou huit ans, à un anniversaire, et elles m’avaient fait des petits mots de remerciement, une espèce d’album de photos d’elles et moi… Et là – gloups –, ça a basculé ! Elles étaient adultes, quelque chose s’inversait, elles n’avaient plus besoin ni de héros ni que je sois fort.

La pire chose que vous ayez dite à vos enfants ?

Je ne crois pas leur avoir déjà dit des choses dévalorisantes. Les pires choses, je pense que ce ne sont pas des choses que je leur ai dites, mais que j’ai dites devant elles. Parfois, j’ai cancané sur des gens de la famille ou des copains que je critiquais en leur absence ; j’ai exprimé des découragements ou des agacements de manière excessive… Ce sont des choses qu’il ne faut pas faire devant ses enfants.

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