![Grégoire Borst, à Paris, en 2024. Le chercheur est aussi producteur du podcast « Votre cerveau. Apprendre à apprendre », pour France Culture.](https://img.lemde.fr/2024/06/05/0/0/3425/2284/664/0/75/0/298fa65_1717599976620-christophe-abramowitz-radio-france-france-culture-a-votre-cerveau-a-apprendre-ai-apprendre-a.jpg)
Le 30 avril, le président de la République, Emmanuel Macron, recevait le rapport de la commission d’experts sur l’impact de l’exposition des jeunes aux écrans. A l’annonce des préconisations aux parents – pas d’écran avant 3 ans, de smartphone avant 13 ans, de réseaux sociaux avant 15 ans –, on ne pouvait pas s’empêcher de se demander comment ça se passait dans les familles de ces experts.
Par exemple chez Grégoire Borst, professeur de psychologie du développement et de neurosciences cognitives de l’enfant et de l’adolescent, et directeur du LaPsyDé, le Laboratoire de psychologie du développement et de l’éducation de l’enfant (université Paris Cité, CNRS). Le chercheur de 47 ans est également père de deux enfants, un garçon de 18 ans et une fille de 15 ans, qui vivent avec lui une semaine sur deux.
La première fois que vous vous êtes senti père ?
A la maternité, la première fois que j’ai pris mon fils dans mes bras. C’était un petit garçon qui avait du mal à dormir et qu’on faisait systématiquement dormir sur nous les premières semaines. C’était un vrai moment de création du lien d’attachement et, avec ça, j’ai vite pris conscience de mon rôle de père.
La pire chose que vous ayez dite à vos enfants ?
Ils m’en ont encore parlé récemment ! C’était il y a plusieurs années, au cours d’une partie de Code Names [un jeu de société]. Je suis très mauvais joueur et j’ai dû dire à mon fils des choses peu amènes sur sa capacité à jouer. Je dis suffisamment qu’il faut respecter les enfants, leur parler avec le même respect qu’à des adultes… Et là, j’en étais très loin !
Depuis, mes enfants disent : « J’espère que ça ne va pas être comme au Code Names. » C’est resté un marqueur familial !
La pire chose que vos enfants vous aient dite ?
C’était à une époque où je n’étais pas très présent. Je travaillais beaucoup, cela ne se passait pas très bien à la maison et j’étais relativement absent. Ils m’ont dit quelque chose comme « la prochaine fois qu’on te verra, on ne sait pas si on pourra te reconnaître ». Cela m’a blessé et touché. Ils avaient raison de me le dire. Cela a été assez salutaire.
La manie qui vous agaçait chez vos parents et que vous reproduisez quand même ?
De pouvoir être totalement engagé dans une activité – dans le meilleur des cas, la lecture d’un livre, dans le pire, mon téléphone – au point de ne pas entendre leurs sollicitations. J’y suis sensible parce que mon père était comme ça et j’ai trouvé tellement dur de devoir dire vingt fois « papa » pour avoir son attention…
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