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Législatives 2024 : « Il y a chez beaucoup un désir d’ordre, une volonté que tout le monde rentre dans le rang, et ça, ça me terrifie »

« Moi, citoyenne » (1/12). Des gens rencontrés partout en France confient au « Monde » les espoirs et les peurs intimes qui les traversent dans cet entre-deux-tours inédit. A Montech, dans le Tarn-et-Garonne, Monique Bernussou, 73 ans, retraitée.

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Publié le 01 juillet 2024 à 15h40, modifié le 04 juillet 2024 à 12h17

Temps de Lecture 3 min.

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« Dans ma commune de 6 000 habitants, la candidate du Rassemblement national [RN] est arrivée en tête au premier tour, avec 45 % des voix. Je me dis qu’il y a donc forcément des électeurs RN dans ma rue, tout près de chez moi. J’y pense tout le temps. Ça crée une forme de curiosité et de suspicion contre lesquelles j’essaie de lutter. Je parle très librement de mon vote pour le Nouveau Front populaire et de mes convictions de gauche aux gens que je croise à la boulangerie ou dans la rue, mais ils ne me répondent pas. Il y a comme un silence gêné, un malaise. Je ne cherche pas à savoir pour qui les uns et les autres ont voté. Mieux vaut ne pas se fâcher avec son voisin ! Bon, dans mon entourage proche, je sais que personne n’a voté RN. Je suis sélective sur l’idéologie.

J’ai tellement de mal à comprendre qu’on puisse se laisser convaincre par ce parti et vouloir mettre au pouvoir Jordan Bardella et son discours décomplexé. Il n’est pas question pour moi d’en vouloir aux gens pour leur vote. Ils ont certainement leurs raisons. Ils se sont sentis ignorés, abandonnés, niés ou pas respectés. Je suis en colère, mais elle s’éteint d’elle-même car, dans le fond, je me sens impuissante face à tout ça. Par contre, j’en veux quand même aux représentants du RN, qui vendent du vent. Et j’en veux à Macron.

Je ne regarde jamais la télévision, sauf pour les soirées électorales, car j’ai besoin de voir les visages. Donc, j’étais dans mon salon avec mon compagnon, et là, annonce de la dissolution : on a basculé dans la sidération la plus totale. Je me suis même dit qu’il nous livrait sciemment au RN. Ça fait un peu complotiste de dire ça, mais c’est une telle folie.

Dimanche soir, pour les résultats du premier tour, France 2 a affiché un décompte. Quand j’ai vu les résultats, je me suis dit : “OK, c’est parti.” Il me reste un mince espoir que le RN n’obtienne pas une majorité absolue, mais c’est peut-être juste du déni. Je me répète que les gens vont se réveiller, que c’est irréel. A la radio – j’écoute France Culture et France Inter, même s’ils me désespèrent quand ils parlent du Nouveau Front populaire comme de l’extrême gauche –, j’entends parler d’un vote d’adhésion pour le RN. Comment peut-on adhérer à ce que je considère comme des mensonges aussi grossiers ? Sommes-nous tous devenus si ignorants ?

« La vie associative va souffrir »

Je ne suis pas abattue, sauf face au discours selon lequel on ne pourrait rien faire pour résister. Je suis convaincue qu’on peut encore faire beaucoup. Même si je me sens impuissante, je veux croire qu’il sera possible de lutter. J’ai toujours été engagée et militante. En vieillissant, je le suis encore plus. J’ai élevé mes deux filles seule, donc il fallait aller à l’essentiel. Aujourd’hui, elles sont adultes. L’une vit à Nantes et va souvent dans les manifs. Quand je déroule le scénario catastrophe dans ma tête, j’imagine que les futures manifestations seront toutes réprimées de manière violente et j’ai peur pour elle.

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