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Les questions que pose la fin annoncée de C8 sur la TNT

L’Arcom a choisi de ne pas renouveler la fréquence TNT de la chaîne du groupe Canal+, fréquemment sanctionnées pour des dérapages. Une décision aux lourdes conséquences pour C8, qui devrait disparaître des canaux numériques en 2025.

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Publié le 27 juillet 2024 à 06h00

Temps de Lecture 4 min.

« Bye bye Baba ! » La députée La France insoumise (LFI) Sarah Legrain a ironisé sur X concernant le sort de l’animateur de « Touche pas à mon poste ! » (« TPMP »), Cyril Hanouna, après la décision de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) de ne pas renouveler la fréquence de C8 sur la TNT, mercredi 24 juillet. Applaudie à gauche, l’annonce du régulateur de l’audiovisuel a été vivement critiquée par des politiques de droite et d’extrême droite, dont le président contesté des Républicains, Eric Ciotti, qui a dénoncé sur X une « censure de C8 par le pouvoir » et une atteinte « à la liberté d’expression ». Dans un courriel interne, consulté par Le Parisien, Maxime Saada, le PDG de Canal+ (propriété du groupe Bolloré), s’est dit « sous le choc et triste ».

Pourquoi l’Arcom n’a pas renouvelé l’attribution de fréquence à C8 ?

L’Arcom devait se prononcer sur l’attribution des fréquences de la TNT, alors que quinze d’entre elles attribuées en 2005 arrivaient à échéance en février 2025. A l’issue d’auditions menées en juillet, elle a validé treize renouvellements (Canal+, W9, TMC, TFX, BFM-TV, CNews, CStar, Gulli, LCI, Canal+ Cinéma, Canal+ Sport, Planète + et Paris Première) et rejeté la prolongation de l’autorisation de NRJ12 et de C8.

L’Arcom n’a pas justifié explicitement les raisons de son choix, se contentant de préciser qu’elle s’était « notamment » fondée sur « l’intérêt de chaque projet pour le public au regard de l’impératif prioritaire de pluralisme des courants d’expression socioculturels ». Il est toutefois fort probable que les nombreuses mises en garde, mises en demeure et les 7,6 millions d’euros d’amendes prononcées ces dernières années par l’Arcom contre C8 aient pesé dans la décision.

Pour tenter de convaincre l’Arcom, la chaîne avait pourtant promis lors de son audition de mettre en place un « time delay » (une diffusion en léger différé) dans les futurs numéros de l’émission « TPMP » afin de prévenir les possibles dérapages.

Est-ce la première fois que l’Arcom ne renouvelle pas la fréquence d’une chaîne ?

C8 et NRJ12 seront probablement les premières chaînes à subir un tel revers. Depuis la création du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA, ancêtre de l’Arcom), en 1989, seule la chaîne Numéro 23 avait été inquiétée pour obtenir une autorisation de diffusion de ses programmes sur la TNT en 2015. Dans un premier temps, le CSA avait décidé de retirer l’agrément à la chaîne pour des soupçons de fraudes concernant la revente de Numéro 23 à NextRadioTV, le groupe propriétaire de BFM-TV et RMC. Mais quelques mois plus tard, le Conseil d’Etat avait annulé cette décision, en estimant que « l’existence de la fraude à la loi invoquée pour justifier le retrait de l’autorisation [n’était] pas démontrée ».

On ignore à ce stade si C8 et NRJ12 déposeront un recours analogue devant le Conseil d’Etat, pour tenter d’être « repêchées » dans la course aux fréquences TNT.

Cette décision de l’Arcom signe-t-elle la fin de C8 ?

Pas forcément. Le groupe Canal+ peut continuer à diffuser C8 sur Internet ou via les box et les télévisions connectées. Plusieurs médias, comme la chaîne étiquetée à gauche Le Média TV fonctionnent déjà de cette manière.

Reste que la TNT (pour télévision numérique terrestre), lancée en 2005 en métropole, structure toujours largement le paysage audiovisuel français et reste l’unique mode de réception de la télé pour près de 20 % des foyers équipés d’un poste. Si le groupe Canal+ choisissait de fermer C8, les conséquences sociales seraient lourdes, alors que trois cents personnes et plusieurs sociétés de production collaborent avec C8 pour réaliser l’ensemble de ses programmes.

Lire l’analyse | Article réservé à nos abonnés C8 perd sa fréquence sur la TNT, coup dur pour les médias du groupe Bolloré

Cette décision de l’Arcom signe-t-elle la fin de « TPMP » ?

L’arrêt de C8 sur la TNT n’entraîne pas mécaniquement la disparition de l’émission animée par Cyril Hanouna. La chaîne n’était que le diffuseur de ce programme qui appartient à H2O productions, une filiale du groupe Banijay, détenue à un tiers par Vivendi, le groupe de médias et de communication de la famille Bolloré. Dès lors, Banijay pourrait vendre les droits de diffusion de son talk-show à une autre chaîne de la TNT.

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« Le groupe Canal+ s’est toujours illustré par son agilité, sa capacité à s’adapter et à rebondir. » Faut-il interpréter cette phrase de Maxime Saada, dans son mail interne, comme la promesse d’un retour de l’émission sur une autre chaîne de son groupe comme CNews ou Canal+ ?

Pour diffuser cette émission sur CNews, l’affaire semble compliquée : le cahier des charges de l’Arcom lui impose en effet de diffuser des programmes d’information. Malgré son virage plus politique au cours de ces dernières saisons, « TPMP » reste classé comme un programme de divertissement. Il paraît plus envisageable de voir l’émission présentée par Hanouna rebondir sur Canal+, qui présente des programmes d’information et de divertissement.

Quelles chaînes pourraient prendre la place de C8 et NRJ12 ?

Les places laissées par C8 et NRJ12 ne devraient pas rester vacantes. L’Arcom a en effet présélectionné deux nouvelles chaînes pour faire leur entrée sur la TNT : RéelsTV et OFTV.

La première est un projet du groupe de presse CMI France, propriété du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, déjà détenteur de plusieurs titres, dont Elle, Franc-Tireur et Télé 7 Jours. Cette future chaîne, qui sera articulée autour de documentaires, de débats et de divertissements, s’est donné pour ambition de « réconcilier les Français avec le réel », avait expliqué Denis Olivennes, le président du conseil de surveillance du groupe, lors de son audition. « L’Autorité de régulation audiovisuelle et numérique a été sensible à notre positionnement, dont l’objectif est d’élever le niveau du débat », s’était réjoui le dirigeant auprès du Monde.

De son côté, OFTV appartient au groupe SIPA/Ouest-France, détenteur du quotidien régional Ouest-France. Elle pourrait devenir la première chaîne nationale à être installée en dehors de l’Ile-de-France, à Rennes. Devant l’Arcom, François-Xavier Lefranc, le président du directoire du groupe, avait expliqué que la chaîne viserait à « valoriser la grande diversité des médias de territoire ».

Sauf obstacle de dernière minute, RéelsTV et OFTV devraient commencer à émettre courant 2025, après avoir conclu une convention avec l’Arcom, prévoyant un certain nombre d’obligations. Et c’est à l’automne que le gendarme de l’audiovisuel décidera de la nouvelle numérotation des chaînes, en tenant compte de « l’intérêt du public ».

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