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« La Lucarne » : il est toujours bon de redécouvrir Jean Meckert

L’entreprise de reconnaissance posthume de ce grand styliste par les éditions Joëlle Losfeld touche à sa fin avec la réédition de ce roman de la crise, avant la guerre.

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Publié le 27 avril 2024 à 08h00

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Manifestation de salariés de Renault, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), en juin 1938, en pleine crise économique.

« La Lucarne », de Jean Meckert, édité et préfacé par Stéfanie Delestré et Hervé Delouche, éd. Joëlle Losfeld, « Arcanes. Les œuvres de Jean Meckert 9 », 246 p., 16,70 €, numérique 12 €.

Les placards des maisons de famille renferment souvent de sombres ­secrets. Celui de Jean Meckert (1910-1995), auteur à part, célébré par la critique, puis oublié, redécouvert et passé à la postérité comme écrivain de polars sous le pseudonyme de Jean Amila, contenait des chefs-d’œuvre en péril. En 2004, Laurent Meckert, son fils, en ouvre les portes à ­Stéfanie Delestré, future directrice de la « Série noire » chez Gallimard, et Hervé Delouche, correcteur et spécialiste du polar. A l’intérieur, dans la bâtisse familiale de Lorrez-le-Bocage-Préaux (Seine-et-Marne), des trésors sont exhumés : ouvrages à la couverture jaunie, papiers personnels, et même un tapuscrit inédit. En ­véritable Lazare des lettres, Jean Meckert s’apprête à connaître une résurrection.

« Il s’agit plutôt d’une re-redécouverte », s’amuse Joëlle Losfeld, dont la maison d’édition a publié, depuis 2005, neuf volumes des œuvres de Meckert, tirées de l’oubli par le duo Delestré-Delouche : huit parus dans la collection « Blanche » de Gallimard, entre 1941 et 1954, et un inédit (La Marche au canon, 2005). La Lucarne (1945) fournit l’avant-dernier tome de cette entreprise de ­mémoire.

Livre après livre, sous une élégante couverture en papier gaufré frappée du portrait de Meckert exécuté au pochoir, Hervé Delouche retrouve la même « authenticité littéraire, la grande force des dialogues, une voix et un style d’un réalisme lucide ». Toutes ces qualités ont fait pleuvoir sur l’ancien gamin de Belleville les louanges d’une pléiade de parrains enthousiastes, Gide en tête, dès la parution d’un premier roman âpre, Les Coups (Gallimard, 1941). Malgré ces éloges, l’insuccès public ne s’est jamais démenti, et les nécessités du quotidien, associées à une volonté farouche de conserver sa voix si singulière, ont poussé Meckert vers le roman policier, sous la bannière de la « Série noire ». Devenu Jean Amila, il s’y est affirmé comme l’un des auteurs français les plus en vue de la mythique collection tandis que son double original, Jean Meckert, semblait ne jamais devoir jouir d’une reconnaissance au-delà d’un cercle d’initiés.

De remise au goût du jour, il avait été question dès 1993, lorsque Jean-Jacques Pauvert (1926-2014) avait réédité Les Coups aux éditions Terrain vague, rachetées après la faillite de leur fondateur, Eric Losfeld (1922-1979), son ennemi intime. Ironie de l’histoire : vingt ans plus tard, c’est Joëlle Losfeld, fille de ce dernier, qui parachève cette tentative sans lendemain, en ayant publié l’inté­gralité du Meckert période « Blanche », sous le patronage de Stéfanie Delestré et Hervé Delouche.

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