Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

« Huck Finn et Tom Sawyer à la conquête de l’Ouest », de Robert Coover : le grand oral d’Huckleberry Finn

Robert Coover propose une contre-histoire des mythes fondateurs américains en transposant au Far West le héros de Mark Twain et sa verve légendaire.

Par 

Publié le 01 juin 2024 à 08h00

Temps de Lecture 5 min.

Article réservé aux abonnés

Tom (à gauche) et Huck, dans « Les Aventures de Tom Sawyer » (1938), de Norman Taurog.

« Huck Finn et Tom Sawyer à la conquête de l’Ouest » (Huck out West), de Robert Coover, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Stéphane Vanderhaeghe, Chambon, 320 p., 23,80 €, numérique 18 €.

Il fallait du cran et du métier pour oser s’attaquer à la suite des Aventures de Huckleberry Finn, chef-d’œuvre signé Mark Twain en 1884 et peut-être première balise d’une littérature strictement américaine, buissonnière et inventive, nourrie de parlers régionaux, d’expressions typiques, langue de tous les jours dépouillée des ornements de l’anglais classique. Du cran et du métier, donc : auteur méconnu en France du cultissime Le Bûcher de Times Square (Seuil, 1980), professeur à l’université Brown (Rhode Island) et grand expérimentateur du langage, Robert Coover ne manque ni de l’un ni de l’autre.

Ecrit à la première personne, le roman narre les (més)aventures de Huckleberry Finn, vagabond impénitent dont l’existence traquée – mais finalement heureuse – se trouve remise en question après la découverte d’un filon aurifère en plein cœur des Black Hills, les montagnes où il a trouvé refuge. Comme dans le roman de Mark Twain, « Huck », quasi-clochard des Grandes Plaines, parle comme il vit et crible son discours de mots tordus, de fautes de syntaxe, d’expressions boiteuses. Sa truculence est d’abord celle des misérables.

Aussi le pari d’une traduction en français n’allait-il pas de soi. « Après avoir lu le texte original, je me suis dit qu’effectivement ça allait être un enfer », confesse Manuel Tricoteaux, éditeur chez Actes Sud, maison mère de Chambon. Comment restituer cette verve en préservant le sens caché d’un livre-palimpseste où affleure, sous le picaresque, une dénonciation de la violence et du racisme, péchés originels de l’Amérique ?

C’est bien ici que réside le tour de force de cette édition française : avoir non seulement rendu l’atmosphère d’une époque, mais aussi la richesse d’une œuvre toute d’oralité et d’inventions lexicales – un exercice ­ « périlleux mais jubilatoire », selon Stéphane Vanderhaeghe, le traducteur du livre. Professeur à l’université Paris-VIII et fin ­connaisseur de l’œuvre de Coover, à laquelle il a consacré un ouvrage de référence, Robert Coover & the Generosity of the Page (« Robert Coover et la générosité de la page », Dalkey Archive Press, 2013, non traduit), il s’est moins interrogé « sur le sens de la phrase à traduire – même si, bien évidemment, je ne l’occulte pas – que sur l’effet qu’elle produit, en tâchant de comprendre comment naît cet effet ».

Il vous reste 68.91% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.