Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

La Dordogne ou le temps suspendu

Non loin l’un de l’autre se nichent deux trésors troglodytes : la maison forte de Reignac, un château à flanc de falaise, et les vestiges de la cité de la Roque Saint-Christophe, aux immenses terrasses creusées dans la roche. Un véritable voyage dans l’histoire.

Par  (Tursac - Dordogne)

Publié le 02 avril 2022 à 10h00

Temps de Lecture 5 min.

Article réservé aux abonnés

La maison forte de Reignac construite au XIVe siècle.

Il fait froid, malgré le feu qui flamboie dans la cheminée. Le soleil de mars inonde la façade dorée faite de cette pierre sarladaise dont le jaune chaleureux resplendit. Collée à la falaise, la maison forte de Reignac, sur la commune de Tursac, en Dordogne, est toujours une tache claire sur le gris par endroits moussu de la roche. Il y a soixante-dix ans, des gens vivaient encore ici, sous ses plafonds de pierre. Il y a vingt mille ans, d’autres y vivaient déjà.

Le lieu, plus insolite château du Périgord, a-t-il beaucoup changé ? Oui, bien sûr, mais l’essentiel est toujours là : cette idée de se protéger en s’enfonçant dans les entrailles de la terre, de bâtir en hauteur, d’utiliser tout ce qui est autour de soi pour créer et protéger son logis, de fondre en un seul lieu la solidité de la nature et l’inventivité de l’homme.

Au magdalénien (entre 17 000 et 14 000 avant Jésus-Christ), ces grottes étaient déjà occupées, comme l’ont montré des fouilles archéologiques commencées en 1952 sous l’égide de l’archéologue Alain Roussot et qui ont mis au jour pierres taillées et pointes de flèches. A partir du Xe siècle, des habitations troglodytes ont commencé à être construites. Au XIVe siècle, la maison forte se dressait. En 1508, les premières fenêtres y étaient percées. Au XVIIIe siècle, le château abritait le seigneur, sa famille, un palefrenier, une chambrière, un valet, une cuisinière et un fauconnier, qui faisait aussi office de maître-chien.

Elle était quasi imprenable : douze bouches à feu étaient installées sur la façade. De la maison dépendait un domaine de 120 hectares où quarante personnes travaillaient dans dix fermes. En 1952, la comtesse de Thy de Milly, ultime occupante, qui s’y chauffait encore au bois, vendit la demeure à un médecin, le docteur Hulin, lequel la cédera ensuite à la ville de Bordeaux.

Aujourd’hui plus grande maison troglodyte de France, la maison forte monte sur quatre étages. Tout en haut, un très impressionnant abri fortifié donne sur le vide. En bas, des moutons paissent, certains s’égarant sur la route et bloquant les rares voitures par leurs atermoiements. La Vézère coule des flots paisibles et limoneux.

Le vol d’un faucon crécerelle

Réservé pendant des siècles à un usage privé, le « château-falaise » se visite aujourd’hui. En 2005, la ville de Bordeaux le vend, et il tombe dans l’escarcelle de Jean-Max Touron. A 82 ans, plus fringant qu’un cabri, montant et remontant les escaliers pentus qu’il pourrait gravir les yeux fermés, le maître des lieux vient tous les jours prendre le pouls du site.

Il vous reste 63.68% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.