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Loués soient les Jeux olympiques : « Elle a prévu de payer sa nouvelle chaudière avec les JO »

Ils se voient comme les damnés des Jeux de Paris 2024. Pour fuir la folie mercantile qui se profile, ces habitants du Nord parisien n’ont d’autre choix que de quitter la capitale et leur logement. Sans oublier, parce qu’il faut bien survivre, de le louer au plus offrant.

Publié le 20 janvier 2024 à 06h00, modifié le 23 janvier 2024 à 13h12 Temps de Lecture 2 min. Read in English

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L’approche des Jeux olympiques a apporté un nouveau sujet de discussion dans les dîners du Nord parisien, grande couronne autour du Stade de France : s’interroger sur ses projets pour l’été à venir. La question ne vise généralement pas à apprécier la préférence de son interlocuteur pour le lancer de javelot ou le triple saut mais à savoir s’il a l’intention de mettre son logement en location entre le 26 juillet et le 11 août 2024.

Ces nouveaux bailleurs se livrent d’autant plus facilement que l’opposition à la tenue des Jeux à Paris permet aux candidats à ce pactole inespéré de se draper dans une posture militante. Ils n’en parlent pas comme d’une aubaine mais peuvent présenter l’opération comme un plan de fuite de l’enfer : ils quitteront donc Paris cet été, dégoûtés par le passage du ticket de métro à 4 euros plutôt que mus par la perspective de trois mois de salaire en deux semaines. On n’est pas loin de cette vidéo virale d’Hugues Lavigne jouant un Parisien faisant visiter sa cave à un Américain « 700 euros every night, enjoy Paris, enjoy the French ! ».

A quoi on les reconnaît

Ils n’ont souvent pas besoin de ça pour boucler leurs fins de mois, mais ils ne le savent pas (s’ils en ont besoin, ils n’ont pas les moyens de remettre leur appartement aux normes). Ils ont décidé de leur ligne éthique sur la question de la sous-location après avoir vu les prix. Ils sont contre Airbnb à Paris tout le reste de l’année. Ils ont appris à prendre des photos grand angle. Ils font semblant de ne pas avoir fixé ce tarif délirant tout seuls (« on nous a dit que c’était le prix »). Ils pensent que leurs locataires auront de la chance de tomber chez eux. S’ils ont acheté une maison individuelle dans un quartier gentrifié de Pantin, ils déclarent que « c’est une chance pour la Seine-Saint-Denis ».

Comment ils parlent

« Laurent va se faire 15 000 euros en quinze jours. » « Anne Hidalgo [la maire de Paris] ne va quand même pas empêcher les Parisiens de gagner un peu d’argent… » « Je n’ose pas le mettre sur Airbnb ; pour le moment, je l’ai mis sur un site japonais. » « J’adorerais louer mon appart’, mais j’ai la flemme de ranger chez moi. » « De toute façon, à part la gymnastique, il n’y avait aucune épreuve que je voulais voir. » « Ça nous paie nos vacances. » « Elle a prévu de payer sa nouvelle chaudière avec les JO. » « L’événement de ­maintien de l’ordre le plus important en temps de paix, ça ne met pas dans une disposition festive. Pourquoi on resterait ? » « Les Cannois, pendant le Festival de Cannes, ils peuvent avoir Brad Pitt chez eux, là tu n’as pas Brad Pitt non plus… » « Je ne vois pas qui va mettre 15 000 euros la semaine pour vivre dans le 10e, mais il paraît que ça se trouve. » « Si ça contribue à ­désenclaver des quartiers… » « Je vais mettre un prix raisonnable pour ne pas qu’ils s’attendent à des draps en satin… » « J’ai demandé 17 000 euros la semaine. Depuis, je n’ai plus de ­nouvelles. » « Tous nos copains louent des fortunes, pourquoi tu ne sous-loues pas le tien ? »

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