Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Les faux libérés des années 1970 : « Dire que j’allais voir les films de Judith Godrèche au cinéma sans me poser de questions… »

Enfants des seventies, ils se croyaient une génération émancipée. Et se découvrent un tout autre visage aux yeux de leur progéniture.

Publié le 18 février 2024 à 10h00 Temps de Lecture 2 min.

Article réservé aux abonnés

La newsletter de M Le magazine du Monde fait peau neuve. Pour vous abonner gratuitement, rendez-vous ici.

Enfants des premiers parents divorcés, premières femmes ayant grandi avec la pilule, premiers parents à accepter avec coolitude ­l’homosexualité de leur progéniture : jusqu’à présent, l’avant-garde progressiste, c’était eux, la génération pionnière. D’où le choc subi quand, tout à coup, la génération suivante s’est mise à les regarder, eux et leur époque, avec des yeux interrogateurs.

De leur temps, celui où Marie Laforêt chantait « Fais-moi l’amour comme à 16 ans » (en 1973), celui où le mariage en 1962 de Caroline Eliacheff (15 ans) avec Robert Hossein (34 ans) n’empêchait pas la mère de celle-ci, Françoise Giroud, d’entrer quelques années plus tard, en 1974, dans un gouvernement comme secrétaire d’Etat chargée de la condition féminine, « se faire émanciper » était hautement tendance. Comment l’expliquer aujourd’hui à leurs rejetons, ou comment reconnaître qu’à leur époque, beaucoup de filles de 14 ans rêvaient d’être « repérées » par des réalisateurs et des photographes – c’était le mot employé par les magazines pour brosser le portrait de très jeunes actrices ?

Ils veulent bien admettre les errements de leurs années de jeunesse (« Je ne sais pas comment on a pu laisser passer ça… »), et tentent de « remettre du contexte » pour ne pas s’accabler totalement. Ils sont les paumés de l’ère Depardieu, coincés entre cette génération fière de s’être battue pour coucher quand elle voulait et celle qui s’est ­battue pour ne pas coucher quand elle ne le voulait pas. Pile entre une époque, celle des seventies, antiliberticide, et une autre, abonnée aux pétitions et aux appels au boycott.

A quoi on les reconnaît

Ils ont oublié de décrocher les posters de David Hamilton dans le grenier de la maison de campagne. Ils ne s’attendaient pas, en regardant Les Bronzés avec leurs enfants, à ce que ceux-ci trouvent le film « malaisant ». Ils ont des fils qui ne veulent pas danser sur Michael Jackson. Ils ont changé d’avis sur l’affaire Polanski. Ils savaient déjà que Michel Leeb n’était pas drôle. Ils demandent aux gens de leur âge ce qu’ils pensent des dernières affaires, mais n’abordent jamais les premiers le sujet avec des plus jeunes.

Comment ils parlent

« On ne va quand même pas se priver d’aller voir des expos Picasso ? » « Dire qu’avec une copine on était allées passer un casting pour jouer dans Beau-père, de Bertrand Blier [sur la relation entre un homme et sa belle-fille de 14 ans], sur les conseils de notre prof de théâtre… » « Quand je pense que pour la sortie du film Le Temps des vacances, de Claude Vital, Europe 1 avait organisé un concours de lettres d’amour à son prof… » « Dire que j’allais voir les films de Judith Godrèche au cinéma sans me poser de questions… » « La dernière fois que j’ai vu Les Valseuses, de Blier, c’était il y a quand même longtemps et je ne suis pas allée jusqu’au bout. » « Le Pianiste, de Polanski, ça reste quand même un film très fort. » « Je ne m’interdis pas de revoir Le Dernier Métro, de Truffaut, avec Catherine Deneuve et Gérard Depardieu, mais je n’irai jamais écouter Depardieu chanter Barbara. » « La playmate dans le “Collaro Show”, je trouvais déjà ça vulgaire à l’époque. » « On a quand même le droit d’être de gauche et de ne pas être d’accord. » « On a regardé Le Père Noël est une ordure en famille, il n’y avait que ma femme et moi qui rigolions… » « Ça, ce ne serait plus possible aujourd’hui. »

Il vous reste 11.31% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.