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Les jeunes apprentis psys : « Maman, tu ne peux pas me parler comme ça, tu détruis ma confiance en moi ! »

La santé mentale n’ayant aucun secret pour eux, les grands adolescents puisent dans le lexique de la psychopathologie pour établir leurs diagnostics. Et éclairer leurs parents sur la question.

Publié le 13 avril 2024 à 10h00, modifié le 18 avril 2024 à 15h07 Temps de Lecture 2 min.

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Cela devait finir par arriver. Avec l’entrée dans l’âge presque adulte de la première génération envoyée en masse chez le psy, ­formée sur TikTok en matière de santé mentale, et à avoir eu des parents qui binge-watchaient la série En thérapie, c’est toute une nouvelle jeunesse qui a adopté le langage du développement personnel, et qui peut désormais diagnostiquer sa famille, ses amis, ses enseignants, et bien sûr elle-même. Leurs parents n’ont plus besoin d’acheter des livres de psychologie : leurs enfants se chargent de les leur expliquer. Depuis que la santé mentale est devenue un enjeu majeur chez les jeunes, tout son champ lexical a contaminé leur langage et les voilà parfois obligés de jouer les traducteurs pour leurs aînés.

A quoi on les reconnaît

Ils ont été chez le psy dès l’enfance. S’ils parlent volontiers de « bienveillance » et de « reconnaissance », disent « mettre en mots » et « accueillir la parole », leurs parents sont plus doués pour s’autodiagnostiquer un lumbago ou une sciatique grâce à Doctissimo que pour repérer l’anxiété ou l’hypersensibilité, sujets sur lesquels les ados peuvent les éclairer. Ce sont désormais eux qui expliquent à leurs ascendants que l’adolescence est une période de grand bouleversement hormonal (« Je suis en train de m’émanciper et j’ai besoin de couper avec vous »).

Leurs mères, qui ont fait des tests d’astrocompatibilité dans des magazines féminins, sont effarées de les voir chercher en ligne de quels troubles ils sont affectés (ils n’ont pas de « problèmes » mais des « troubles »). Ils mettent un peu d’anglais dans leurs diagnostics (« mes mental health issues », « mon wellbeing »). Ils se donnent des exercices à faire dans des cahiers à remplir. Leurs parents sont surpris de les entendre dire que leur prof de maths est bipolaire (alors qu’eux disent de leur patron que c’est un pervers narcissique). Ils sont convaincus d’être les premiers à mettre le doigt sur des problèmes dans la famille depuis plusieurs générations. Leurs parents attendent qu’ils soient couchés pour aller vérifier sur Internet si ce qu’ils ont dit est vrai et pour en savoir plus sur tous ces nouveaux mots et maux.

Comment ils parlent

« Tu sais bien que je suis adolescente et que les hormones augmentent ma sensibilité… » « Papa, tu as pensé à parler de ce problème à la session de thérapie familiale ? » « Je crois que la prof d’anglais est dépressive. » « Je suis au bord du burn-out. » « J’ai vu un site sur lequel on peut faire un test pour voir si on est hypersensible. Tu crois que je devrais le faire ? » « Avec le DST de maths, j’ai une de ces charges mentales ! » « Maman, tu ne peux pas me parler comme ça, tu détruis ma confiance en moi ! » « Nous, les HPI, on n’aime pas trop les démonstrations d’affection. » « Tu dois moduler ta façon de parler. » « Les études de droit n’ont pas su m’intéresser. » « J’ai besoin de temps pour moi. » « Ça, ce n’est pas à toi de le dire ! » « 80 euros pour un psy… mais donnez-les moi ! »

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