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Oksana Leuta et la guerre, à la scène comme en Ukraine

Depuis l’invasion de son pays, cette ancienne professeure de russe au lycée français de Kiev est fixeuse pour des journalistes étrangers. Egalement comédienne, elle joue jusqu’au 27 avril, à Paris, dans un spectacle qui mêle les récits d’autres femmes artistes aux prises avec la guerre.

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Publié le 24 avril 2024 à 06h00, modifié le 25 avril 2024 à 10h23

Temps de Lecture 3 min.

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Oksana Leuta, au Théâtre de Chaillot, à Paris, le 20 avril 2024.

Oksana Leuta arrive tout juste à Paris de Kiev, après vingt-quatre heures de voyage, deux trains et un avion. En ce 20 avril, elle débarque, sourire doux et double natte, pour de premiers repérages au Théâtre de Chaillot. Elle a grappillé quelques heures de sommeil à l’hôtel, où elle séjourne avec sa mère septuagénaire, Anna. « Toute la nuit, elle a confondu le bruit des avions, qu’on a perdu l’habitude d’entendre à Kiev, avec celui des drones », souffle-t-elle.

A Chaillot, l’une et l’autre montent sur scène, du 24 au 27 avril, pour évoquer leur histoire percutée par la guerre, dans le cadre de Radio Live – Vivantes, un spectacle conçu par la productrice radio Aurélie Charon et la réalisatrice de films Amélie Bonnin. Un mélange d’interviews spontanées, d’échanges, de créations musicales et vidéo, qui partira ensuite en tournée, à Lille, Lyon, Rennes ou Grenoble. A leurs côtés, deux autres femmes aux prises avec les conflits géopolitiques contemporains partageront leurs récits : la scénariste et comédienne syrienne Hala Rajab et la cinéaste bosniaque Ines Tanović.

« Nous nous devons de partager, d’informer, de sensibiliser », avance Oksana Leuta, 38 ans. Lorsque la Russie a envahi l’Ukraine, en février 2022, elle a pu avoir l’impression « que la souffrance des Ukrainiens était unique ». Mais voilà qu’elle entend parler, lors des répétitions à Chaillot, des mêmes déracinements et des crimes pareillement impunis en ex-Yougoslavie. Et bien sûr de cette insidieuse accoutumance aux violences, commune à tous.

Interprète, intermédiaire et négociatrice

Dès le début de la guerre, cette fille de professeurs, francophile et francophone, quitte son poste de professeure de russe au lycée français de Kiev. « Enseigner une langue, c’est enseigner une culture, une civilisation. Je ne pouvais pas m’imaginer une seule seconde évoquer Pouchkine et Tolstoï pendant que ma terre était visée par des bombes russes. » Elle s’improvise alors fixeuse pour des journalistes français, profession dont elle ignorait tout, qui consiste à être à la fois interprète, intermédiaire et négociatrice d’interviews. Bref, « débrouilleuse », comme elle dit.

Comédienne à ses heures depuis des années, jamais, elle n’abandonne le théâtre. Le 30 mai 2022, elle est dans le Donbass aux côtés de Frédéric Leclerc-Imhoff, 32 ans, lorsque le reporter de BFM-TV est tué par un fragment d’obus. « Je m’étais engagée à répéter juste après une pièce sous la direction de Dima Levytskyi. Pour dire au revoir à Frédéric, j’ai rejoint sa famille et ses amis en Pologne, d’où son corps a été rapatrié vers Paris. Je revois les gens monter dans l’avion avec le cercueil et moi je suis restée plantée là, sur le Tarmac, reprenant le bus toute seule pour être à Lviv le lendemain, prête à répéter… »

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