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« Oh ! là, là, la charge mentale ! » : les prosélytes du temps pour soi

Les incitations à s’accorder des pauses se multiplient. Même si cela aboutit à avoir une multitude de choses à faire.

Publié le 08 juin 2024 à 10h00 Temps de Lecture 3 min.

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« Prends du temps pour toi ! » Il n’y a jamais eu autant de personnes pour se souhaiter à elles-mêmes ou à leur entourage de s’accorder du temps. « J’ai décidé de prendre du temps pour moi », préviennent-elles leurs collègues comme leurs proches leur signifiant ainsi qu’elles ne pourraient plus compter sur elles. Les spécialistes du bien-être semblent s’accorder sur l’idée qu’on aurait tous besoin de penser un peu plus à soi, comme si notre société avait grand besoin d’une vague d’altruisme envers soi-même.

C’est comme si on avait tenté de croiser les livres de Mathieu Ricard avec le « parce que je le vaux bien » de L’Oréal (slogan dont l’inventrice Ilon Specht vient de décéder, c’est dire si on a eu le temps de l’intégrer). Un mail de la CAF proposait un article sur « tout savoir avant de passer à temps partiel », notamment « prendre du temps pour soi ».

A Saint-Girons, dans l’Ariège, une association a ouvert un atelier pour aider chacun à se reconnecter à soi. Jusqu’à l’Etablissement français du sang qui fait figurer parmi ses quatre arguments pour le don de plaquettes « un moment pour soi et l’occasion de faire une pause » (comptez une heure et demie).

Le conseil qui semble faire l’unanimité manque un peu de caution scientifique. Les fameuses études longitudinales sur le bonheur n’ont pas démontré que prendre du temps pour soi rendait plus heureux. Et les observateurs de la fameuse longévité des Crétois centenaires ne l’ont jamais mise sur le compte d’une faculté à se reconnecter à soi. Le confinement nous a quand même appris que le temps pour soi ne nous permettait pas forcément d’aller mieux.

Pourtant, alors que l’OMS s’efforce de documenter l’épidémie de solitude, certains persistent à faire une priorité de ces moments passés avec soi-même. Evidemment, ceux-ci ne comptent que s’ils sont estampillés comme tel par l’industrie du bien-être. La presse féminine qui, dans les années 1990, recommandait d’aller faire une virée shopping ou un tour chez le coiffeur prône maintenant « du temps pour soi » sans trop préciser ce que l’on est supposé en faire (un spa ? la route de Compostelle ?).

Cela peut sous-entendre un passage au bar à ongles, un massage ou n’importe quoi qui demande de prendre rendez-vous à l’avance, si bien que le temps pour soi deviendra bientôt un nouveau tiret sur une to-do list de gens qui auront encore moins de temps pour eux. On devine que, si l’on suit toutes leurs incitations commerciales, on finira super hydraté, totalement exfolié, mais pas nécessairement avec plus de temps.

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