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La haute joaillerie aimante les maisons de mode

Après Gucci et avant Prada, Fendi est la dernière marque de mode à se lancer dans la haute joaillerie. Un secteur qui les attire par son dynamisme, mais dont il n’est pas toujours aisé d’épouser les codes.

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Publié le 08 juillet 2023 à 09h00, modifié le 08 juillet 2023 à 09h00

Temps de Lecture 2 min.

Collier Fluctus, en or blanc, diamants blancs et diamant jaune, collection Tryptich de Fendi.

Au défilé Fendi, organisé au Palais Brongniart, le 6 juillet, dans le cadre de la fashion week haute couture, deux créateurs sont venus saluer l’assistance à la fin des dix minutes de parade : le Britannique Kim Jones, directeur artistique des collections femme depuis 2020, mais aussi Delfina Delettrez Fendi, qui supervise les bijoux de la maison détenue par LVMH. La haute couture du premier avait été pensée dans le but de mettre en valeur la première collection de haute joaillerie de la seconde. Soit 30 pièces souvent ajourées et dans lesquelles se cachent des « F » signatures, aux cous, aux poignets et aux doigts des mannequins.

Pour cette incursion inédite, l’héritière de la dynastie Fendi, 36 ans, a compris que, pour être prise au sérieux dans cette discipline hors-sol et conservatrice, mieux vaut jouer selon ses règles. Ainsi, les bijoux qu’elle signe sont fabriqués dans un atelier à Paris, et non en Italie. L’esthétique, moins ténébreuse que celle de sa marque personnelle, reste sage. Et, quand les débutants pèchent souvent à cause de pierres moyennes et d’appairages approximatifs (assortiment de pierres de même teinte), elle a fait monter de rares diamants jaunes, des saphirs (vert, orange, rose padparadscha) et 61 spinelles raccord sur un ras-de-cou. « Travailler avec des pierres de cette qualité représente une grande responsabilité », explique Delfina Delettrez Fendi.

En plongeant dans le bain de la haute joaillerie, Fendi emboîte le pas à d’autres marques de mode ayant déjà tenté l’expérience : Dior, à partir de 1998, Vuitton, de 2009, Chanel, de 2012… Désormais, voici venu le tour des Italiens. Attiré par la croissance de la joaillerie de luxe, qui atteignait les 10 % annuels entre 2014 et 2019, selon le cabinet d’analystes Bernstein, Armani a glissé un orteil en 2020 quand Gucci alimente son offre depuis 2019. « Bien que la maison soit relativement nouvelle dans le domaine, nous avons établi des relations de confiance avec nos clients », se satisfait Marco Bizzarri, le PDG de Gucci, par e-mail.

Cette année, la marque y va de 133 nouvelles pièces façonnées « entre Milan et Venise » autour des quatre saisons – thème stéréotype du secteur. Tourmalines Paraiba au printemps, chrysobéryls lumineux l’été, grenats mandarins orangés l’automne, émaux plus ternes l’hiver… Gucci y déploie des gimmicks : la tête de lion, le solitaire avec une gemme taillée en cœur, un maillon octogonal ou des festons. Au-delà de Fendi et de Gucci, Prada devrait être, dans les mois à venir, le prochain poids lourd du prêt-à-porter à se mettre aux bijoux uniques empierrés.

La tentation du logo

Mais les marques de mode se retrouvent face à deux défis majeurs pour asseoir leur crédibilité. D’abord, leur attrait pour le renouvellement permanent, à l’encontre de la permanence du bijou, destiné à traverser les âges. Habituées à remplacer leurs équipes sitôt que le vent tourne, elles doivent apprendre à recruter un directeur artistique durable pour s’éviter des déconvenues. Gucci, par exemple, en se séparant d’Alessandro Michele en novembre 2022, a perdu sa tête pensante, laissant le studio sans gouvernail. Les équipes de haute joaillerie auront désormais à faire preuve de souplesse et à « s’inspirer de la vision » de Sabato de Sarno, son successeur, débauché chez Valentino et dont le premier défilé se tiendra en septembre.

Autre défi pour les maisons de mode : leur excès de logos qui consterne les puristes pour qui le bijou doit être une expression artistique, pas publicitaire. « La possibilité de “logoter” un bijou est trop tentante et il y a un appétit des clients pour ça », défend Francesca Amfitheatrof, la directrice artistique joaillerie de Louis Vuitton, qui fait sans scrupule tailler des pierres dans la forme des fleurs du monogramme du mastodonte. Delfina Delettrez Fendi, elle, fait du « F » signature un motif abstrait, tournoyant comme un ruban ou coulant et rebiquant façon clé de sol. « Le logo peut aussi contenir de l’émotion. Pour moi, le F de Fendi est avant tout mon blason de famille », plaide-t-elle avant de souligner que « beaucoup de diamants sont taillés en baguette ». Et ce, par goût des lignes droites mais aussi pour adresser un clin d’œil à la mode, renvoyant au fameux sac Baguette, inventé en 1997 par sa mère, Silvia Venturini Fendi.

Collier Flight, or blanc, un rubis taille coussin du Mozambique de 4,17 carats et diamants. Collection de Haute Joaillerie Deep Time, Louis Vuitton.
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