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C’est une anecdote somme toute banale, qui arrive dans la vie de tout amateur de vin. Un soir d’août, nous étions réunis en famille pour l’anniversaire de mon frère. Ma mère avait préparé une belle paella, mon père, un châteauneuf-du-pape, Domaine de la Barroche, cuvée « Julien Barrot ». Il s’empara de son tire-bouchon favori, muni d’un levier – il suffit d’abaisser puis de relever ledit levier pour déboucher la bouteille. Un instrument efficace quoique assez bourrin à mon goût, ne permettant pas de garder le contrôle sur l’action. Et ça n’a pas manqué : le bouchon se cassa dans la bouteille.
La tablée s’est alors tournée vers moi pour l’opération de secourisme. Tandis que je saisissais un outil de sommelier plus classique, mon oncle, assis à mes côtés, me glissa : « Tu devrais en faire une chronique. » L’incident ne me semblait pas suffisamment notable, mais, enfin, il a assez longtemps rédigé des critiques de musique classique (dans ce même journal) pour savoir quand un sujet peut trouver son public, faisons-lui confiance. Comment, donc, rattraper une moitié de bouchon emprisonnée au fond du goulot ?
D’abord, il faut comprendre pourquoi un bouchon se brise ou, mieux, pourquoi il risque de se briser. Il existe trois cas de figure classiques. Première possibilité : le vin a été entreposé debout. L’une des raisons pour lesquelles on conserve les bouteilles couchées est directement liée au bouchon. Dans cette position, il est au contact du vin, donc toujours humide. Dans le cas inverse, et surtout si la cave ne possède pas un degré d’hygrométrie élevé, le liège se dessèche et peut se rompre.
Autre raison : la bouteille est âgée. Au fil des ans, le bouchon perd de son élasticité et se fragilise. C’est pourquoi les amateurs de vieux flacons utilisent de préférence un bilame, c’est-à-dire un tire-bouchon sans mèche (qui risquerait de réduire le liège en charpie) mais doté de deux lames parallèles à glisser entre le liège et la paroi.
Problème de taille
Dernier scénario, et peut-être le plus courant : un tire-bouchon inadapté, couplé à un geste hâtif – ce fut le cas ce soir d’été (désolée, mon cher papa). La fracture se produit notamment quand le bouchon est plus long que la normale. En d’autres termes : sur les très bons vins. En effet, les vignerons peuvent équiper leurs flacons de bouchons de taille variable. La cuvée dicte le choix. Pour un vin à consommer rapidement, n’importe quel bouchon fait l’affaire. Le vin n’est pas destiné à évoluer, et même un bouchon synthétique, dont l’élasticité se détériore rapidement (mais qui a l’avantage de ne pas se disloquer), conservera l’étanchéité pendant quelques mois.
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