Le lancement de la marque de Phoebe Philo, en octobre 2023, a signé le retour tonitruant sur la scène mode de l’ex-directrice artistique de Chloé (1997-2008) et de Céline (2008-2018). Vendu uniquement en ligne, en Europe et aux Etats-Unis, à des prix très élevés (de 1 000 à 3 000 euros en moyenne par article), le label aurait bénéficié, dès les premiers jours, en ligne et surtout sur les réseaux sociaux, d’une visibilité médiatique estimée à 7 millions d’euros par Launchmetrics.
La plate-forme de données a mis au point un algorithme (Media Impact Value) qui mesure le « bruit » que fait une marque à partir du nombre de vues, du profil des abonnés, de la durée d’engagement… Tandis que la marque confirme, sans davantage de précision, d’excellentes ventes dès la première semaine, Launchmetrics indique que, à ce jour, cette estimation atteindrait 24 millions d’euros.
La deuxième édition (comprenez : collection) du label, lancée le 7 mars et que Le Monde a pu découvrir en février dans le showroom londonien de la marque, ne devrait pas démentir l’engouement de ceux qu’on appelle les « philophiles » pour le vestiaire de la créatrice. Décryptage en cinq détails-clés du style Philo.
L’épaule inversée
Les vestes à double boutonnage, déclinées cette saison en noir, tabac (un brun foncé) ou « poivre et sel » (gris) dégagent une rigueur à la fois cool et autoritaire : elles se portent larges avec des manches déployées. Celles-ci recouvrent la totalité du bras ballant, ne laissant deviner qu’une phalange. Surtout, elles sont pensées pour paraître légèrement aplaties – aidées en cela, en bout de fabrication, par un coup de presse – et dotées d’une épaule dite inversée, c’est-à-dire construite en étant bombée vers l’intérieur.
Le col montant graphique
Ah, les cols ! Au fil des années, chez Céline, Phoebe Philo les a tous expérimentés : mao, à froufrous, cheminée, doté d’un gros bouton doré, d’une proportion exagérée… Pour son label, les chemises en popeline de coton se composent d’un col classique mais qu’une pliure arrière peut permettre de relever d’un cran : le col devient alors plus plongeant sur l’avant, les pointes bien affûtées, comme une signature graphique. D’inspiration masculine, les modèles blancs et à fines rayures noires ou bordeaux de cette « édition » sont lavés avant d’être commercialisés pour donner un effet blanchi au tissu.
Le cuir traité en lamelles
Alors que les fans vénèrent toujours les tee-shirts en cuir du printemps-été 2010 de Céline ou les ballerines à talons du printemps-été 2015, le cuir de veau, cette fois, se retrouve découpé en lamelles. Ces fines bandes, appliquées et cousues sur une structure en mousseline transparente, donnent vie à l’une des pièces les plus remarquables du nouveau cru : un pantalon où la peau se révèle subtilement entre les striures. Pour le rendre moins intimidant, la designer a choisi une taille élastiquée toute simple, comme celle d’un jogging, et une coupe large et tombante façon pyjama.
La veste « taille basse »
La veste zippée en cuir plongé débarque avec un drôle d’ourlet élastiqué, stratégiquement placé au niveau de la taille : il ceinture les hanches et bombe, par contraste, le haut et le bas du vêtement, dans un drôle d’effet sablier. Les poches plaquées à boutons-pression se doublent de deux poches latérales, le tout dominé par un col cheminée. Rien d’extraordinairement sophistiqué mais assez pour dramatiser la silhouette.
L’écharpe traversin
Souvent résumée hâtivement à son vestiaire bourgeois sans fausse note, Phoebe Philo n’oublie pourtant jamais de glisser une pièce de prêt-à-porter ou un accessoire dissonant, comme on pimenterait un plat un peu trop bien exécuté. Les chemises à imprimé foulard ou les sandales en cuir nappées de fausse fourrure rouge ou bleu ciel, surnommées « Furkenstock », ont joué ce rôle-là chez Céline, respectivement en 2011 et en 2013. Cette saison consacre l’écharpe traversin. Soit une écharpe très douce en satin de soie, pensée pour être posée sur les épaules et rembourrée à la manière d’un oreiller.
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