Paris n’avait pas réalisé pareille performance depuis longtemps : la fashion week, qui s’est tenue du 26 février au 5 mars, a fait la preuve de l’exceptionnelle vitalité créative de la capitale, tant de la part des maisons de luxe à la renommée internationale que de celle des marques indépendantes, des « premières fois » aux stylistes confirmés.
Lundi 26 février
Seize heures. Le nouveau rituel de la fashion week parisienne consiste à commencer ce marathon de neuf jours avec le show des étudiants en master de l’Institut français de la mode (IFM). Vingt-sept participants de treize nationalités ont présenté chacun entre cinq et sept looks, soit cent cinquante-huit silhouettes. Brigitte Macron, la ministre de la culture, Rachida Dati, et un grand nombre de dirigeants du monde de la mode avaient fait le déplacement, dont Michael Burke, PDG du LVMH Fashion Group, et Bruno Pavlovsky, président des activités mode de Chanel.
L’école ne cache pas son ambition de rivaliser avec Central Saint Martins, à Londres, d’où sont sortis John Galliano, Stella McCartney, Kim Jones, Phoebe Philo ou Riccardo Tisci. Chez les jeunes stylistes de l’IFM, le travail de la maille fait mouche : dévorée, gonflée à bloc, percée comme brûlée à l’acide, torsadée, réduite à des filaments de dentelle… L’excentricité est de mise, bien sûr, à l’image de cette impressionnante tenue gothique aux plumes noires laquées, mais elle semble plus retenue que la saison passée.
Vers 19 heures, direction le Marais. Rue Elzévir, au sous-sol de la boutique Lemaire, se tient, jusqu’au 17 mars, une exposition de photos signées Osma Harvilahti prises au Vietnam lors de deux voyages en 2023. Des hommes et des femmes sur des scooters portent les deux dernières collections printemps-été (2023 et 2024) de la marque indépendante parisienne. Ils circulent, entre Hô Chi Minh-Ville et Hanoï, entre bitume et végétation. Le vent s’engouffre dans les tissus légers aux couleurs subtiles. Les paysages défilent autant que la mode. Les deux-roues filent et le temps s’arrête.
Il est 20 heures passées quand quatre musiciens s’installent au centre du podium installé dans le Palais de Tokyo. Violons grinçants, cris, souffles courts : la compositrice serbe Hristina ušak a imaginé une partition digne d’un film d’horreur. Mais son commanditaire, le Japonais Yusuke Takahashi, dont c’est le premier show sous la marque CFCL dans le calendrier officiel, propose une collection douce, où domine la maille sans couture à base de polyester recyclé, et parfois de Lurex, programmée avec précision par un logiciel qui aide à réduire la quantité de déchets textiles.
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