L’autorité chinoise de régulation des médicaments a donné son accord « conditionnel » pour un deuxième vaccin contre le Covid-19, le CoronaVac de Sinovac, a annoncé, samedi 6 février, le laboratoire pharmaceutique. La Chine n’avait jusque-là formellement approuvé qu’un seul de ses vaccins, à la fin de décembre, celui mis au point par le laboratoire Sinopharm.
Le vaccin de Sinovac a déjà été utilisé pour vacciner certaines populations « à risque », mais cette autorisation permet de l’utiliser pour le grand public. Une autorisation conditionnelle permet de déployer des traitements d’urgence sur le marché, dans les cas où les essais cliniques doivent encore être poursuivis mais indiquent déjà que ces traitements fonctionneront.
Taux d’efficacité de 50 %
Cette autorisation intervient après plusieurs essais du vaccin, en Chine et dans des pays comme le Brésil et la Turquie, même si « les résultats en termes d’efficacité et de sécurité doivent être encore confirmés », a rapporté Sinovac dans un communiqué.
Selon Sinovac, les tests à grande échelle au Brésil ont montré un taux d’efficacité globale du vaccin d’environ 50 % pour empêcher l’infection et de 80 % pour éviter les cas nécessitant une intervention médicale. « Les résultats montrent que le vaccin est sûr et présente un effet immunogène sur les personnes de toutes les tranches d’âge », a assuré le laboratoire.
Sinopharm avait de son côté affirmé en décembre que son vaccin avait un taux d’efficacité de 79,34 %, inférieur aux vaccins concurrents développés par Pfizer-BioNTech et Moderna, avec des taux respectifs de 95 % et 94 %.
Course aux vaccins locaux
La Chine s’est lancée dans une course pour développer des vaccins locaux. Elle souhaite vacciner 50 millions de personnes avant le début du Nouvel An lunaire à la mi-février, en raison de la ruée attendue de vacanciers durant cette période, bien que les autorités encouragent les gens à rester chez eux cette année grâce à un mélange de restrictions et d’incitations.
Les autorités ont à plusieurs reprises assuré le public de la sécurité et de l’efficacité du vaccin employé, même si elles n’ont pas publié de données détaillées sur les essais cliniques.
Dans le même temps, Pékin a fait la promotion de ses vaccins à l’étranger dans ce que les analystes appellent une « diplomatie des vaccins », après avoir été critiqué pour sa gestion de l’épidémie au moment de son déclenchement.
Le ministère des affaires étrangères chinois a déclaré mercredi qu’il prévoyait de fournir 10 millions de doses de vaccin au programme international de distribution de vaccins Covax, soutenu par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Pékin s’est également engagé à partager le vaccin à un prix juste – une bonne nouvelle potentielle pour les pays asiatiques les plus pauvres qui dépendent sinon du programme Covax.
Des pays comme le Sénégal, l’Indonésie et la Hongrie ont acheté des millions de doses de vaccin à des entreprises pharmaceutiques chinoises. Mais l’adoption du vaccin chinois à l’étranger a été plus lente que celle des vaccins de Pfizer-BioNTech et de Moderna, en raison du peu d’informations disponibles à son sujet.
La réputation des fabricants chinois ternie
La confiance dans l’industrie pharmaceutique chinoise est fragile, après plusieurs scandales sanitaires, dont le plus récent date de 2018, avec l’écoulement de plus de 250 000 vaccins DTP (diphtérie, tétanos, poliomyélite) ne répondant pas aux normes. « Lors de précédents scandales, on a vu le taux de vaccination baisser dangereusement », rappelle Jin Dongyan.
Paradoxalement, les Chinois arrivaient en tête des populations prêtes à se faire vacciner contre le Covid-19, dans une étude menée en juin par la revue Nature, avec 88,6 % de réponse positive, contre 58,9 % en France et 54,9 % en Russie, pays où la défiance est la plus forte.
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