En Savoie et en Haute-Savoie, la neige et les skieurs sont au rendez-vous. Le Covid-19 aussi. Avec une incidence supérieure à 2 600 cas pour 100 000 habitants, comparable à la région parisienne, les deux départements sont les plus touchés par la cinquième vague. Avant même l’arrivée d’Omicron, les malades contaminés par le variant Delta occupent déjà une grande partie du service de réanimation. Pour les accueillir, en plus des autres malades urgents, l’hôpital de Chambery a ouvert quatre lits supplémentaires à la veille du réveillon, mais, même avec 25 lits – dont 12 occupés par des malades du Covid-19 –, la marge de manœuvre est très limitée. Afin de garder quelques lits disponibles pour les urgences, deux patients ont été transférés le 31 décembre 2021 par avion en Bretagne, à l’hôpital de Morlaix. D’autres sont envoyés à Grenoble ou à Lyon, mais jusqu’où pourra-t-on pousser les murs ?
« Nous sommes très inquiets pour les deux semaines qui viennent », témoigne Michel Badet, chef du service de réanimation du centre hospitalier de Chambéry. Chaque jour, il est contacté par les hôpitaux et cliniques de Savoie pour prendre en charge de nouveaux patients, en plus de ceux hospitalisés dans les étages. « Tous les jours nous demandons à nos collègues de pneumologie le niveau d’oxygène administrés aux patients », indique l’anesthésiste. « Avec l’oxygénothérapie à haut débit, nous pouvons aller jusqu’à 60 litres par minute, et si la saturation en oxygène ne descend pas trop longtemps en dessous de 80 %, nous essayons de ne pas intuber les patients », précise-t-il.
A trois quarts d’heures de là, l’hôpital d’Albertville peut aussi prendre en charge dans une unité dite « de surveillance continue » (USC) huit patients sous Optiflow – du nom de la machine utilisée dans les hôpitaux –, seuls les plus gravement atteints étant ensuite transférés à Chambéry. « Ils font tampon, mais ils sont pleins, tout comme la clinique Médipôle de Savoie qui s’est organisée pour prendre en charge des patients atteints du Covid-19 », souligne Michel Badet. Avec la déprogrammation de certaines interventions chirurgicales, il espère ouvrir jusqu’à 25 lits de réanimation et 5 lits d’USC, contre respectivement 36 et 10 lors des deuxième et troisième vagues. « Mais ça tire de tous les côtés », alerte Michel Badet, inquiet pour la santé de ses équipes. « Je crains une multiplication des arrêts de travail, des burn-out. Certaines infirmières donnent trop et craquent », témoigne-t-il.
« Grande lassitude »
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