Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

La discrétion de Nestlé face au scandale d’enfants malades pour avoir consommé des pizzas contaminées

Plusieurs enfants en France ont développé de très graves syndromes d’insuffisance rénale. Le géant agroalimentaire invoque l’enquête préliminaire en cours pour ne pas s’exprimer.

Par  et

Publié le 18 avril 2022 à 02h41, modifié le 18 avril 2022 à 11h29

Temps de Lecture 6 min.

Read in English

Article réservé aux abonnés

Dans l’usine Buitoni de Caudry (Nord), après l’arrêt des lignes de production, le 30 mars 2022.

Ce sont des familles brisées. Un garçon de 8 ans décédé à Paris après un grave syndrome hémolytique et urémique (SHU). Une fillette de 12 ans plongée dans un état végétatif, qui ne réagit pas aux stimuli de son entourage. Un nouveau-né mort huit heures après sa naissance, sans doute contaminé par voie intra-utérine. Une enfant de 7 ans qui a fait plusieurs arrêts cardiaques. D’autres ont frôlé le pire, comme cette famille dont trois enfants, âgés de 2, 9 et 10 ans, ont été hospitalisés en urgence entre fin janvier et début février et gardent aujourd’hui des séquelles.

Ces drames ont pour point commun d’être survenus quelques jours après la consommation de pizzas Fraîch’Up de Buitoni produites dans la même usine Nestlé. Les analyses ont mis en évidence que celles-ci étaient contaminées par des bactéries Escherichia coli (E. coli).

Une enquête préliminaire a été ouverte le 22 mars par le pôle santé publique du parquet de Paris, pour notamment « mise en danger d’autrui, blessures involontaires et homicides involontaires », et mercredi 13 avril, des perquisitions ont été menées par les gendarmes de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique au siège de Nestlé à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), à l’usine de Caudry (Nord) et dans plusieurs autres sites.

L’agence Santé publique France, dont les investigations menées avec l’Institut Pasteur ont confirmé le lien entre la survenue de cas groupés de SHU et la consommation des pizzas Buitoni, avait recensé, au 13 avril, cinquante-trois cas confirmés, dont deux enfants décédés, et enquêtait sur vingt-six autres. L’avocat Pierre Debuisson, qui défend une quarantaine de familles de victimes, juge le temps de réaction trop lent : « Les premières hospitalisations se sont produites en janvier et les lignes de production de l’usine n’ont été fermées que le 18 mars. On a laissé les produits s’écouler et d’autres enfants être contaminés. »

Verdict de l’ADN

Le groupe Nestlé a, de son côté, fermé les écoutilles. Officiellement, le géant suisse ne souhaite plus s’exprimer en raison de la procédure judiciaire en cours. « Il s’agit d’une étape qui s’inscrit dans le cadre de l’enquête. Nous continuons à coopérer pleinement avec les autorités pour en assurer le bon déroulement. A ce stade, nous ne sommes pas en mesure de partager plus d’informations. Nous souhaitons réaffirmer que la sécurité et la qualité de nos produits sont nos premières priorités », se contente-t-il de dire.

L’usine de Caudry a stoppé son activité de production le 18 mars, le jour même où un communiqué était envoyé pour annoncer le rappel des pizzas. Une décision prise « après avoir été informé de la présence de bactéries E. coli dans la pâte d’une pizza surgelée de la gamme Fraîch’Up ». Seule la marque Buitoni apparaît sur ce communiqué, qui ne fait pas mention de son propriétaire, Nestlé. La société d’origine italienne Buitoni, qui a construit le site de Caudry en 1982, n’existe plus. Elle a été rachetée en 1988 par le groupe helvète, qui n’en a gardé finalement que l’activité de pizzas surgelées.

Il vous reste 62.25% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.