Les membres fondateurs de l’Institut hospitalo-universitaire en maladies infectieuses de Marseille (IHU Marseille Infection) avaient, en plein conflit avec le professeur Didier Raoult, à l’été 2021, dressé le portrait-robot du scientifique qu’ils espéraient voir succéder au controversé microbiologiste marseillais. « Un chercheur ou une chercheuse, légitime, charismatique et reconnu(e) par ses pairs dans le domaine des maladies infectieuses », expliquait Eric Berton, le président d’Aix-Marseille Université (AMU).
Comme le directeur des Hôpitaux universitaires de Marseille (AP-HM), François Crémieux, M. Berton évoquait la nécessité de lancer un appel d’offres international pour attirer des candidatures externes au sérail de l’IHU. Et l’importance d’en confier l’organisation à une personnalité indépendante pour éviter les jeux de pouvoir locaux. En l’occurrence, l’ancien président-directeur général de Renault Louis Schweitzer.
Après huit mois d’auditions, le jury de sélection s’est, finalement, arrêté sur un seul nom. Celui d’un pur produit de l’IHU, qui a réalisé l’essentiel de sa carrière à l’ombre de Didier Raoult, le professeur Pierre-Edouard Fournier, bientôt 56 ans, microbiologiste et actuel responsable de la plate-forme de diagnostic moléculaire de l’IHU.
En finir au plus vite avec le feuilleton Raoult
Les dix-huit membres du conseil d’administration de l’IHU – dont les six fondateurs qui exigeaient le remplacement de Didier Raoult avant la fin 2022 – étudieront sa nomination le 13 juillet, pour une prise de fonctions qui, selon le candidat, pourra intervenir à partir du 1er août.
Pour Louis Schweitzer, Pierre-Edouard Fournier a « la capacité, grâce à sa connaissance de l’IHU, de mener ce changement de cap dans le sens qui a été jugé nécessaire et souhaitable par les experts ». Le jury, dont sept membres sur douze sont également des membres du comité scientifique de la fondation façonnée par Didier Raoult, partage cet avis.
L’annonce du choix de Pierre-Edouard Fournier, par un simple communiqué de l’IHU, n’a suscité aucun commentaire officiel des instances directement concernées. Pas plus à l’AP-HM, où M. Fournier est un praticien apprécié par la communauté médicale, qu’à AMU ou au sein de l’institut de recherche et de développement, dont la directrice, Valérie Verdier, menaçait de rompre ses conventions avec l’IHU, fin 2022, si les méthodes de management et la parité au sein des postes dirigeants n’évoluaient pas. Chacun renvoie au conseil d’administration du 13 juillet.
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