![A Rennes, en juin 2021.](https://img.lemde.fr/2022/10/22/0/0/4760/3168/664/0/75/0/daf8c2c_1666435560680-000-9bl4e9.jpg)
Seulement 3 %. A ce stade, une infime minorité des pneumopathies dues à la bactérie Mycoplasma pneumoniae en France présente une résistance aux macrolides, les antibiotiques utilisés contre elle en première intention, d’après le laboratoire de bactériologie du CHU de Bordeaux, chargé de surveiller le phénomène. Mais c’est un risque que Santé publique France (SPF) surveille « de très près », selon Isabelle Parent, responsable de l’unité Infections respiratoires et vaccination au sein de l’agence sanitaire, car si la résistance venait à augmenter, il serait plus difficile de soigner les patients.
Selon deux bulletins publiés par SPF mercredi 20 décembre, les pneumopathies infantiles restent cet hiver à un niveau « très supérieur » à celui des années passées, même si l’épidémie semble refluer. Du 11 au 17 décembre, par rapport à la semaine précédente, les urgences hospitalières et les associations SOS Médecins ont enregistré une baisse de l’activité liée à ces infections pulmonaires pour les enfants de 2 à 14 ans : respectivement de − 8 % et − 5 %. Mais l’activité médicale pour ce motif reste environ deux fois plus importante que lors des saisons passées, comme c’était déjà le cas à la fin de novembre.
Selon Mme Parent, Mycoplasma pneumoniae « joue probablement un rôle assez important » dans cette épidémie. D’après le réseau Renal, qui fédère les laboratoires de biologie des hôpitaux, le taux de détection de la bactérie dans les échantillons est resté inférieur à 1 % jusqu’à la fin du mois de juillet, avant d’augmenter jusqu’à 7,5 % fin novembre. Une « immense majorité » des infections à Mycoplasma pneumoniae sont bénignes et disparaissent sans traitement, a rappelé la direction générale de la santé le 24 novembre. Mais dans le cas contraire, on utilise des macrolides, notamment l’azithromycine.
Toutefois, par mutation génétique, Mycoplasma pneumoniae est capable de développer une résistance à ces médicaments. Or, en dehors des macrolides, les options thérapeutiques sont limitées. A la différence d’autres bactéries, les mycoplasmes ne présentent pas de paroi et sont donc insensibles aux médicaments de la famille des bêta-lactamines, comme l’amoxicilline. Ainsi, « tout un pan de l’antibiothérapie est naturellement inaccessible », souligne Jean-Christophe Giard, professeur de bactériologie à l’université de Caen et membre de l’Académie nationale de pharmacie.
Des molécules plus puissantes (tétracyclines et fluoroquinolones) permettent de combattre les souches résistantes aux macrolides, mais elles ne sont pas sans risque d’effets indésirables, comme une coloration de l’émail dentaire chez les enfants, des tendinopathies ou des aléas cardiovasculaires. « Elles ne sont pas préconisées pour de jeunes patients, rappelle M. Giard, et impliquent une surveillance accrue qui complique un peu les traitements. »
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