![Dans un marché de Chittagong (Bangladesh), en février 2016.](https://img.lemde.fr/2024/04/30/0/0/4412/2965/664/0/75/0/4d88fa9_1714493842866-hemis-m127nr.jpg)
Dans un marché aux volailles vivantes, le virus de la grippe aviaire peut se propager vite, très vite. C’est ce que met en évidence une étude publiée mercredi 1er mai par des chercheurs du programme One Health Poultry Hub dans la revue scientifique Nature Communications. Ces travaux ont porté sur la circulation du type H9N2 du virus de la grippe aviaire dans un marché aux volailles de Chittagong, grande ville portuaire du Bangladesh.
A l’heure actuelle, ce type viral réputé peu pathogène n’est pas le plus surveillé par les autorités sanitaires à travers le monde, qui traquent surtout H5N1, plus virulent et désormais capable de circuler, au-delà des oiseaux, parmi un grand nombre d’espèces – en particulier les bovins –, suscitant des craintes quant à la perspective d’une transmission à l’espèce humaine.
Il n’en reste pas moins que H9N2 est le type viral le plus répandu parmi les volailles à l’échelle mondiale, suscitant d’importants manques à gagner dans les élevages. L’étude rappelle aussi que la cocirculation de H9N2 avec d’autres types du virus « peut conduire à l’apparition de variants recombinants davantage pathogènes ». De fait, ajoutent les chercheurs, H5N1 fait partie des types du virus de la grippe aviaire qui présentent des gènes dérivés de H9N2.
Contagieux en moins de cinq heures et demie
Autant d’arguments justifiant de surveiller de près les capacités épidémiques de ce dernier. Or, il ressort, de l’étude parue dans Nature Communications, que plus de 90 % des volailles qui entrent sur le marché sans avoir été exposées au virus sont infectées en moins de vingt-quatre heures, et qu’un oiseau infecté peut devenir contagieux en moins de cinq heures et demie.
Pour parvenir à ces résultats, les scientifiques ont encagé des poulets de type industriel et de basse-cour par groupes de dix, cinq d’entre eux étant prélevés aléatoirement sur le marché et les cinq autres étant sélectionnés par les chercheurs en amont, dans les fermes. Ils ont ausculté les bêtes à quatre moments : lors de leur encagement, douze heures après, puis trente-six heures et quatre-vingt-quatre heures plus tard. L’opération a été répétée une trentaine de fois, portant l’échantillon total à 640 animaux.
« On sait depuis longtemps que les marchés aux oiseaux sont des points chauds pour la transmission de la grippe aviaire, notamment depuis l’épisode de H5N1 à Hongkong en 1997 », rappelle Guillaume Fournié, chercheur à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, membre de l’unité mixte de recherche Epidémiologie des maladies animales et zoonotiques, et coauteur de l’étude. « Mais jusqu’à présent, on n’avait jamais quantifié le niveau et la vitesse de la transmission.
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