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L’extraction de terres rares en Birmanie, un « exemple extrême de destruction généralisée »

Alors qu’un forum de l’Organisation de coopération et de développement économiques sur l’approvisionnement responsable en minerais se tient à Paris, une étude de l’ONG Global Witness alerte sur l’impact des mines à la frontière avec la Chine.

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Publié le 23 mai 2024 à 01h01, modifié le 23 mai 2024 à 08h52

Temps de Lecture 4 min.

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Une mine de terres rares est creusée dans le flanc d’une montagne à Pangwa, dans l’Etat Kachin (Birmanie), en 2022.

Ah Brang, un travailleur birman (son prénom a été modifié), traîne des sacs d’acide oxalique jusqu’au bassin de collecte d’une mine située dans l’Etat Kachin, dans le nord de la Birmanie. Il mélange ensuite ce produit chimique à de l’eau avec un bâton, protégé uniquement par un imperméable et des gants. « Même si vous portez un masque, votre gorge vous brûle et vous toussez beaucoup. C’est comme si vous mangiez [ce produit], ça a un goût aigre et piquant », décrit-il.

Ce témoignage a été collecté par l’ONG Global Witness. Alors que se tient, à Paris, la 17édition du Forum sur les chaînes d’approvisionnement responsables en minerais, sous l’égide de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Global Witness publie une nouvelle étude alertant sur l’impact catastrophique de l’extraction de terres rares lourdes en Birmanie, jeudi 23 mai.

Spécialisée dans la lutte contre le pillage des ressources naturelles des pays en développement, l’ONG avait déjà révélé, en 2022, l’ampleur de l’activité minière en Birmanie, près de la frontière avec la Chine, et ses effets sur l’environnement et les populations. Le dysprosium et le terbium (deux des dix-sept métaux constituant le groupe des terres rares) sont indispensables à la fabrication d’aimants pour les véhicules électriques et les turbines d’éoliennes, utiles à la transformation du système énergétique et donc à la sortie des fossiles.

« Conséquences aggravées »

« Deux ans après notre dernier rapport, nous avons revisité le paysage minier toxique de cette région du nord de la Birmanie, expliquent les auteurs de l’étude. De nouvelles données commerciales, des images satellitaires et des témoignages montrent que la dépendance du monde à l’égard de cette zone reculée n’a fait que s’aggraver, tout comme les conséquences pour les personnes qui y vivent. »

En 2015, seule une poignée de mines de terres rares lourdes fonctionnaient dans cette région montagneuse de la Birmanie. En 2021, elles s’étendaient sur un territoire aussi vaste que Singapour, et près de 2 700 bassins de collecte étaient recensés sur 300 sites différents. Au cours des deux dernières années, la production a encore doublé, passant de 19 500 tonnes d’oxydes de terres rares lourdes en 2021 à près de 42 000 tonnes en 2023.

Dans la « région spéciale 1 » de l’Etat Kachin, contrôlée par des milices loyales à la junte militaire au pouvoir, le nombre de mines a augmenté de plus de 40 % – la grande majorité d’entre elles étant illégales. L’activité s’est aussi étendue plus au sud, jusqu’à un territoire contrôlé par l’Organisation de l’indépendance kachin, en conflit avec l’armée. Dans son dernier rapport sur les minerais critiques, publié le 17 mai, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) confirme que la Birmanie est la région où l’extraction de terres rares liées aux aimants a le plus augmenté depuis 2015, sa part dans la production mondiale étant passée de 0,2 % à 14 %.

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