Depuis bientôt dix ans qu’il porte sur ses épaules d’ancien champion de canoë les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, Tony Estanguet n’a de cesse de répéter qu’ils seront « historiques pour le climat » et donc en « rupture » avec les éditions précédentes en matière d’exigences environnementales et de durabilité.
Le comité d’organisation d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) s’est ainsi engagé à diviser par deux les émissions de gaz à effets de serre liés à l’organisation et à la tenue des Jeux par rapport à la moyenne des éditions de Londres (2012) et de Rio (2016), Tokyo s’étant déroulé sans spectateurs en 2021 en raison de la pandémie de Covid-19.
A moins de deux mois de la cérémonie d’ouverture, le président du Cojop assure que cet « objectif ambitieux » est en « en bonne voie pour être atteint ». Pour le vérifier, il faudra attendre la fin des Jeux et la publication fin octobre du rapport final d’évaluation. Dans un exercice de transparence inédit, Paris 2024 publie, lundi 3 juin, un rapport d’étape qui vise à faire le point sur les premiers résultats de sa stratégie pour « livrer des Jeux plus responsables ».
Paris s’est fixé un « budget carbone » total de 1,5 million de tonnes équivalent CO2 à ne pas dépasser, soit une baisse de 55 % par rapport à la moyenne de Rio et de Londres. Les émissions liées à la préparation des Jeux sont mesurées depuis 2018. Entre 2018 et 2023, 476 000 tonnes de CO2 ont été « consommées » selon le rapport, dont près de la moitié sur la seule année 2023.
Le « gros morceau » reste à venir
Sans surprise, la grande majorité (73 %) résulte de la construction des infrastructures qui perdureront une fois les Jeux terminés : principalement le village des athlètes et des médias ainsi que le centre aquatique. L’utilisation d’ossatures en bois, de béton « bas carbone » et de matériaux recyclés a permis de réduire de plus de 30 % les émissions de GES au mètre carré par rapport à un chantier classique, indique Solideo, le maître d’ouvrage.
Les autres 27 % de ce bilan carbone provisoire sont dus aux activités liées à la préparation des Jeux : achats de biens (matériel informatique, textiles, restauration) et de services (conseil, ingénierie) pour le fonctionnement de l’organisation et la « livraison » de l’événement (déplacements des collaborateurs, événements autour des Jeux…).
Mais, comme le reconnaît Georgina Grenon, la directrice excellence environnementale de Paris 2024, le « gros morceau » reste à venir : les cinq premiers mois de l’année 2024 – avec entre autres le copieux parcours de la flamme olympique –, lesquels ne sont pas pris en compte dans ce rapport d’étape, et surtout les Jeux eux-mêmes. Avec une inconnue de taille : les modes de transport que choisiront les millions de spectateurs attendus à Paris et dans les autres villes hôtes pendant le mois de compétitions – olympiques et paralympiques – et en particulier les visiteurs étrangers.
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