![Lors d’une session plénière de la conférence sur le dérèglement climatique à Bonn (Allemagne), le 3 juin 2024.](https://img.lemde.fr/2024/06/13/0/0/4300/2867/664/0/75/0/749c4cf_1718289057733-maxnewsfrfive661326.jpg)
Peu d’avancées pour beaucoup de frustration, de colère et de déception. Les négociateurs et observateurs ont quitté Bonn (Allemagne), jeudi 13 juin, la mine sombre, après dix jours de pourparlers climatiques empoisonnés par des questions financières opposant pays du Nord et du Sud. « Les négociateurs n’agissent pas comme si nous étions dans une crise climatique : ils se montrent du doigt et disent “votre côté du canot de sauvetage est en train de couler”, sans comprendre que l’on est tous sur le même bateau », regrette Alden Meyer, expert au sein du think tank E3G et vétéran des négociations climatiques.
Le travail des 6 000 délégués, lors de ces négociations intermédiaires techniques – sans ministres ou chefs d’Etat –, était de préparer la prochaine conférence mondiale sur le climat, la COP29, qui aura lieu à Bakou (Azerbaïdjan), en novembre. Avec un dossier central et ultrasensible : avancer sur un nouvel objectif mondial en matière de financement climatique, que les pays doivent adopter à la COP. Il est censé remplacer, à partir de 2025, la somme des 100 milliards de dollars par an (93 milliards d’euros) que les pays développés s’étaient engagés à mobiliser à destination de ceux en développement – un objectif atteint en 2022, avec deux ans de retard.
Les négociateurs sont parvenus à un document de travail informel de 35 pages contenant encore toutes les options, les pays s’étant contentés de réitérer leurs positions sur les questions les plus litigieuses. Le principal point d’achoppement réside dans le montant de cette nouvelle enveloppe. L’Inde, le groupe arabe et le groupe Afrique ont proposé entre 1 000 et 1 300 milliards de dollars par an entre 2025 et 2030, des sommes rejetées par les pays développés. « Nous n’avons rien entendu de leur part sur leur vision du quantum [montant] », a regretté le négociateur égyptien, lors d’échanges tendus mardi. La représentante de l’Australie a répondu que ce montant est « l’étoile au sommet du sapin de Noël » et ne devrait être décidé qu’une fois fixée la structure de l’objectif.
Les pays développés ne veulent plus être les seuls à mettre la main au pot. Ils poussent pour élargir la base des contributeurs, définie en 1992, aux pays qui sont aujourd’hui devenus d’importantes puissances économiques et de gros pollueurs, comme la Chine ou les pays du Golfe. « Nous n’avons pas l’intention de faire partie de votre responsabilité », a répondu le délégué de la Chine, opposant une fin de non-recevoir. « La Chine redoute un effet domino sur son statut de pays en développement dans d’autres arènes, auquel elle tient », décrypte Lola Vallejo, conseillère spéciale climat au sein de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri).
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