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Procès du Mediator : l’étude de 1995 qui aurait dû alerter Servier

Lucien Abenhaïm, l’épidémiologiste ayant mis en lumière les risques mortels liés aux anorexigènes, était entendu jeudi devant le tribunal correctionnel de Paris.

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Publié le 11 octobre 2019 à 11h04, modifié le 23 octobre 2019 à 12h35

Temps de Lecture 5 min.

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En 1999, à quelques semaines d’intervalle, un cas de valvulopathie est recensé à Marseille, et un cas d’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) à Paris. Point commun chez les deux malades, et dans les deux cas, c’est une première : ils sont sous Mediator et rien d’autre. C’est de ce médicament que vient leur mal. Le risque qu’il fait courir à ceux qui le consomment est alors patent, et 1999 passe pour l’année à partir de laquelle il est véritablement scandaleux que le Mediator n’ait pas été retiré du marché – il le sera dix ans plus tard.

En réalité, la première alarme aurait dû sonner quatre ans plus tôt au sein des laboratoires Servier, qui comparaissent depuis le 23 septembre devant le tribunal correctionnel de Paris pour « tromperie aggravée » et « homicide involontaire ». L’audience, prévue jusqu’en avril 2020, aura le temps de revenir sur les deux cas de 1999. Elle se penchait, jeudi 10 octobre, sur un premier rendez-vous manqué : 1995.

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Cette année-là furent publiés les résultats d’une vaste étude épidémiologique internationale sur l’HTAP, l’IPPHS (pour International Primary Pulmonary Hypertension Study), dont Lucien Abenhaïm fut le directeur. « Merci de me donner l’occasion de formuler mon témoignage sur cette affaire dramatique », souffle le professeur de 68 ans à la barre, avant de dérouler le récit de cette étude lancée en 1992, après que plusieurs cas d’HTAP, maladie rare et mortelle, avaient été signalés en France.

Une hypothèse principale avait émergé d’emblée : « On savait que cette pathologie était probablement liée aux anorexigènes. » Un quart de siècle plus tôt, l’Aminorex, pilule coupe-faim appartenant à cette catégorie, avait provoqué une épidémie d’HTAP. L’hypothèse se vérifiera, et l’étude IPPHS démontrera la « causalité » entre HTAP et anorexigènes : « Les consommer pendant plus de trois mois multipliait les risques par 9 ou 10 », se souvient Lucien Abenhaïm.

Isoméride et Pondéral disparaissent, pas Mediator

Le Pondéral et l’Isoméride, deux coupe-faim vedettes des laboratoires Servier, voient alors leur prescription limitée à trois mois. En 1997, ils sont retirés du marché. Le Mediator, lui, échappe à ce sort, et pour cause : officiellement, il ne s’agit pas d’un anorexigène. C’est pourtant bien pour son effet coupe-faim qu’il est prescrit à tour de bras par les médecins généralistes… une fois le Pondéral et l’Isoméride disparus.

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