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Au procès du Mediator, le combat d’Irène Frachon : « J’ai eu le sentiment d’être traquée, alors que je ne faisais que mon travail »

La pneumologue a fait le récit d’un long parcours semé d’embûches, de la découverte des premiers malades à l’indemnisation.

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Publié le 17 octobre 2019 à 05h37, modifié le 23 octobre 2019 à 12h33

Temps de Lecture 9 min.

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La pneumologue, Irène Frachon, témoigne dans le procès du Mediator devant le tribunal correctionnel de Paris, le 23 septembre.

A un moment – était-ce au bout de la troisième heure de déposition ? – on a levé le stylo. La valve mitrale fuyait, et la fusion des commissures apparaissait sur la petite valve, ou sur la grande, ou sur les deux, on ne sait plus. Rien d’autre ne comptait que cette voix claire, rigoureuse, égale, infatigable, ce visage sans apprêt, cette silhouette solide, simplement vêtue, et le respect qu’ils suscitaient. La pneumologue Irène Frachon déposait dix ans d’un combat qui a sauvé des vies, mercredi 16 octobre, devant le tribunal correctionnel de Paris.

On craignait Jeanne d’Arc ou « Notre-Dame des victimes du Mediator ». On a eu la rigueur et la clarté. De la « fille de Brest », née en 1963, le parcours est connu. Interne des hôpitaux de Paris. Stage en pneumologie, au début des années 1990, à l’hôpital Antoine-Béclère de Clamart (Hauts-de-Seine), alors internationalement reconnu pour ses compétences sur une maladie rare, l’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP).

Première digression d’Irène Frachon et, soudain, le fonctionnement du poumon et de la pompe cardiaque s’éclairent sous nos yeux de néophytes, elle les compare à une station-service, tout devient simple, l’HTAP n’est plus un simple sigle, on comprend l’épaississement des canaux de la pompe, l’asphyxie qui s’ensuit, le patient qui s’effondre, on y est.

Procès du Mediator : Article réservé à nos abonnés « Georges, il faut retirer ton signalement ! »

Retour à Antoine-Béclère. « Il règne une inquiétude au sein de l’équipe qui récupère tous les cas d’HTAP en France. Ils font face à une sorte d’épidémie de femmes jeunes, touchées par cette maladie qui leur laisse environ deux ans d’espérance de vie, à moins d’une greffe. » Un quart de ces femmes ont été exposées à l’Isoméride ou au Ponderal, un traitement comprenant des amphétamines, qui a bénéficié d’une « promotion massive » de leur fabricant, les Laboratoires Servier, « comme coupe-faim miraculeux avant l’été ou après une grossesse ». L’équipe d’Antoine-Béclère est d’autant plus en alerte qu’une semblable épidémie, auprès de femmes exposées à un autre anorexigène, avait été stoppée dès le retrait du marché du médicament en cause.

« Les autorités de santé sont pétrifiées »

Plusieurs choses frappent alors la jeune interne. D’abord « le fait que les femmes ne sont pas informées et continuent à arriver dans le service ». Ensuite, « le déni inébranlable » des Laboratoires Servier et « l’atmosphère de pressions et de menaces » qu’ils font peser : poursuites engagées contre un journaliste qui s’intéressait à l’Isoméride, référé contre un documentaire consacré au sujet, grâce auquel Servier obtient que le nom de l’Isoméride soit remplacé par un « bip » chaque fois qu’il est prononcé.

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