![Les candidats à la présidentielle sont auditionnés par l'AMF, les Régions de France et l'ADF. Marine Le Pen entre sur scène. À Montrouge, le 15 mars 2022.](https://img.lemde.fr/2022/03/28/0/0/5317/3545/664/0/75/0/51457fd_1648451150646-cbi1014017.jpg)
En octobre 2021, alors qu’il fait encore planer le doute sur sa candidature, Eric Zemmour réalise une percée fulgurante dans les enquêtes d’intentions de vote, passant rapidement de 8 % à 16 % et faisant jeu égal avec Marine Le Pen. Le 30 novembre, il se déclare officiellement candidat et, malgré une légère érosion en janvier, maintient toujours sous pression la candidate du Rassemblement national (RN), qui reprend l’avantage en février mais ne le distance que de 1 ou 2 points. Depuis fin février, en revanche, la baisse est continue et cette fois-ci, Mme Le Pen semble bien avoir repris le leadership : 17,5 % d’intentions de vote en sa faveur, contre 11,5 %. Que s’est-il passé ?
Il faut tout d’abord bien comprendre que c’est très massivement entre Mme Le Pen et M. Zemmour que se jouent les porosités, et non pas entre ce dernier et Valérie Pécresse. En décembre 2021, 52 % des électeurs de François Fillon de 2017 déclaraient vouloir voter pour Valérie Pécresse, 24 % pour Emmanuel Macron, 17 % pour Eric Zemmour. Aujourd’hui, ces électeurs sont 36 % seulement à choisir la candidate LR (– 16 points) et 35 % M. Macron (+ 9 points). S’agissant d’Eric Zemmour, le chiffre est quasi stable : 17 % en décembre, 16 % aujourd’hui. Le candidat d’extrême droite capte donc une partie certes non négligeable de l’électorat de Fillon, mais son effraction majeure se fait ailleurs, principalement dans le nid de Marine Le Pen : en décembre, celle-ci ne mobilisait que 55 % de ses électeurs de 2017, 31 % allant sur Zemmour.
Fin mars, ce ratio est de 65 % contre 21 %, soit 10 points de moins pour Zemmour. C’est là que s’est jouée la bataille. Les porosités entre ces deux électorats se mesurent également bien dans les seconds choix des électeurs : 57 % des hésitants d’Eric Zemmour hésitent avec Marine Le Pen, 11 % seulement avec Valérie Pécresse. Et 37 % des hésitants de Le Pen le font avec Zemmour. Enfin, lors des deux dernières vagues de notre panel, l’analyse des changeurs confirme que les gains de Marine Le Pen se sont faits en reprenant 2 points d’électeurs partis chez Zemmour.
Elle suscite moins le rejet
Trois éléments déterminants ont joué dans ce bras de fer non achevé mais qui tourne à l’avantage de Le Pen. La bataille de l’image. Elle est spectaculaire, puisque sur la plupart des items, Marine Le Pen n’a cessé d’améliorer la sienne tandis que Zemmour l’a, le plus souvent, détériorée. Les écarts se sont donc considérablement creusés. Ainsi, d’octobre à mars, sur la stature présidentielle, Le Pen passe de 30 % à 39 %, Zemmour stagne à 20 % et 21 %. Soit un écart de 18 points. Sur la capacité à bien comprendre les problèmes des Français, la première progresse de 7 points, de 39 % à 46 %, tandis que le second perd 1 point, de 30 % à 29 % (écart de 17 points).
Il vous reste 51.69% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.