Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Sur la fin de vie, la grande hésitation d’Emmanuel Macron

Promesse de campagne sans cesse repoussée, un projet de loi sur l’aide à mourir devrait finalement être examiné après les européennes. Mais le chef de l’Etat redoute toujours que le sujet déchaîne les passions.

Par  et

Publié le 16 décembre 2023 à 05h00, modifié le 16 décembre 2023 à 09h15

Temps de Lecture 5 min.

Read in English

Article réservé aux abonnés

Emmanuel Macron à Bruxelles, le 15 décembre 2023.

Le dîner élyséen est sur le point de s’achever quand Emmanuel Macron rattrape les convives. « Il faut que je vous dise encore une chose », lâche le chef de l’Etat. Il est près de minuit ce mardi 12 décembre. Le président de la République a réuni la cheffe du gouvernement, Elisabeth Borne, et une poignée de ministres afin de décider de l’étroite voie de passage qui sera empruntée pour sortir le quinquennat de l’impasse après le vote, la veille, d’une motion de rejet qui bloque l’examen du projet de loi « immigration ».

Lire aussi le décryptage : Article réservé à nos abonnés Fin de vie : un plan pour les soins palliatifs en attendant une loi sur l’aide à mourir

L’heure est tardive mais le chef de l’Etat veut évoquer un dernier sujet, la fin de vie. La promesse de campagne va voir le jour. Mais « ce sera long », prévient-il depuis le salon des ambassadeurs. Le texte, déposé sur son bureau depuis plusieurs semaines, sera plutôt examiné après les élections européennes de juin. Les débats ne seront pas hâtés, prévient-il. L’aide active à mourir sera réservée aux patients atteints de « maladies incurables » ou souffrant de « douleurs extrêmes », poursuit le chef de l’Etat, précisant que le terme d’euthanasie, qui lui fait horreur, ne figurera nulle part dans le texte.

Avant toute chose, un travail doit être accompli pour renforcer, au cours du prochain semestre, les soins palliatifs. Il ne faut pas que le gouvernement puisse être accusé d’aider les plus souffrants à mourir pour libérer des lits d’hôpitaux, fait valoir le chef de l’Etat auprès de l’assistance. Silence.

« Tempête sous un crâne »

Emmanuel Macron avance, enfin, sur le dossier de la fin de vie. Mais soupèse chaque terme, refusant de déléguer à quiconque les derniers arbitrages. Faut-il autoriser un tiers à donner la mort à autrui ? Ou franchir le seul pas du suicide assisté ? Le sujet le hante. Fils de médecin, il n’ignore pas que la profession a pu par le passé, au cas par cas, abréger des agonies. Mais il mesure la farouche opposition, aujourd’hui, d’une partie des soignants à l’idée qu’une future loi définisse le geste létal comme un acte médical qu’ils seraient tenus d’accomplir au même titre qu’un soin.

A la tête d’une nation qu’il sait fracturée, le président de la République redoute que les discussions sur cette question, abordant le rapport de chacun à la mort, blessent les convictions des uns et déchaînent les passions des autres. « C’est tempête sous un crâne présidentiel », observe un conseiller d’Emmanuel Macron.

Ces questionnements sont alimentés par les discussions, fréquentes, que le locataire de l’Elysée mène avec les représentants des cultes. Le président de la République s’en est ouvert au pape François et converse régulièrement avec le grand rabbin de France, Haïm Korsia, qui avait, en 2018, comparé l’euthanasie à la Shoah, lors d’un dîner au palais présidentiel. Le chef religieux a radouci son propos mais incite Emmanuel Macron à la plus grande prudence. « Le sujet de la fin de vie ne peut être abordé que la main tremblante », souffle-t-il au Monde.

Il vous reste 60.95% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.