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Le sentiment d’injustice révélateur de l’échec du macronisme à faire émerger une société du mérite

Face à la défiance et au sentiment de mépris social, le projet du chef de l’Etat, dont le cœur visait l’émancipation et le désenclavement social, est perçu comme tournant à vide, selon les chercheurs Bruno Cautrès, Gilles Ivaldi, Luc Rouban et Virginie Tournay.

Publié le 13 février 2024 à 09h04, modifié le 13 février 2024 à 12h35 Temps de Lecture 3 min. Read in English

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La vague 15 du Baromètre de la confiance politique, vaste enquête annuelle réalisée par l’institut OpinionWay pour le Centre de recherches politiques de Sciences Po entre le 8 et le 18 janvier 2024, met en lumière le scepticisme qui entoure l’action gouvernementale menée par Gabriel Attal, depuis sa nomination à Matignon, le 9 janvier, sur fond de colère des agriculteurs. De crise en crise, le macronisme semble ne jamais pouvoir reconstituer la cohésion sociale malgré son projet fondateur d’une mobilité sociale accrue et d’une reconnaissance du mérite. Le nouveau premier ministre avance sur un terrain miné par la défiance et le regard très sombre que les Français portent sur leur propre société.

Seuls 24 % des enquêtés considèrent que l’on vit en France dans une société juste, 3 % seulement étant « tout à fait d’accord » avec cette idée. Ce pourcentage ne varie guère selon l’âge (19 % pour les lycéens, 23 % pour les retraités), ni même selon la profession des répondants : 20 % des ouvriers, mais 30 % seulement des cadres et membres des professions supérieures adhèrent à cette idée. Loin d’un retour de la lutte des classes, nous sommes surtout dans une opposition politique frontale entre les électeurs d’Emmanuel Macron au premier tour de l’élection présidentielle de 2022 (42 % pensent que la société est juste) et ceux du candidat de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon (20 %), ou ceux de Marine Le Pen, candidate du Rassemblement national (RN), et d’Eric Zemmour, candidat de Reconquête ! (18 % et 19 %). L’injustice est, on le voit, dénoncée aussi fermement à l’extrême droite qu’à gauche ou à l’extrême gauche.

Ce sentiment d’injustice est lié aux représentations du travail et à l’absence perçue de reconnaissance. Si une très grande majorité de Français (75 %) restent convaincus que leur travail « sert à quelque chose », dans toutes les professions, beaucoup ont le sentiment en revanche d’une absence de reconnaissance. A peine la moitié des enquêtés (53 %) disent que les efforts accomplis dans leur vie professionnelle ont été reconnus et récompensés. Certes, cette moyenne évolue en fonction du niveau professionnel et du revenu par foyer, passant de 43 % chez les ouvriers à 64 % chez les cadres, mais elle reste faible, y compris dans les foyers de la fameuse « classe moyenne », dont le revenu se situe entre 2 000 et 4 500 euros par mois (56 %).

Sentiment de mépris social

Pire encore, cette absence de reconnaissance s’accompagne d’un sentiment général de mépris social. Pour 68 % des enquêtés, la France reste une société dans laquelle beaucoup de gens sont méprisés. Là encore, les écarts par catégorie professionnelle ou niveau de diplôme sont faibles : 70 % pour les titulaires d’un CAP, 64 % pour les titulaires d’un diplôme supérieur à bac + 2. La contestation sociale ne s’ancre donc pas uniquement dans des différences de revenus qui ne seraient pas à la hauteur des efforts consentis : elle revêt aussi une dimension morale. La société française est non seulement vécue comme injuste, mais aussi comme dédaignant ceux « qui ne sont rien ».

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