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Après l’annonce de la dissolution, les inquiétudes des maires de banlieue : « J’ai vu de la peur, ce soir »

Des maires témoignent du choc provoqué par la décision du chef de l’Etat de dissoudre l’Assemblée nationale. Ils s’alarment du risque d’une victoire du Rassemblement national à l’issue des élections législatives et des conséquences pour les quartiers populaires.

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Publié le 10 juin 2024 à 16h18, modifié le 11 juin 2024 à 12h22

Temps de Lecture 4 min.

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Momodu Tarawalie (au centre), 37 ans, agent de contrôle RATP, avec Adama Sy (à droite), 42 ans, autoentrepreneur travaillant dans le BTP, et Camara (à gauche), 41 ans, fonctionnaire. Le 9 juin 2024, jour de vote pour les élections européennes, à Evry-Courcouronnes (Essonne).

Devant le bureau de vote d’Evry-Courcouronnes (Essonne), Adama Sy, père de famille, entrepreneur, décrivait dimanche 9 juin au matin sa désillusion de constater que ses origines sénégalaises continuaient, plus de quarante années après sa naissance en France, de lui être renvoyées à la figure. « Je suis né en France, je travaille, mais, aux yeux des autres, je ne suis toujours pas français », avait-il résumé en expliquant avoir choisi de voter La France insoumise (LFI) pour les élections européennes, afin de garder de l’espoir pour ses enfants.

Devant le même bureau, un peu plus tard, Rose Zagovian, 71 ans, infirmière à la retraite, expliquait voter Jordan Bardella, tête de liste du Rassemblement national (RN), pour la sécurité de ses petits-enfants et de son premier arrière-petit-fils. « Quand on voit tout ce qu’on donne à des gens qui n’ont jamais travaillé de toute leur vie », avait insisté cette ancienne électrice de gauche, qui se souvient pourtant avoir pleuré au soir du 21 avril 2002, après la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle. Comme un résumé des fractures et des transformations d’un pays. Le 30 juin et le 7 juillet, ils seront à nouveau appelés aux urnes, comme l’ensemble des électeurs, pour des législatives anticipées décidées par Emmanuel Macron.

Comme un résumé aussi du vertige qui a saisi électeurs et élus après l’annonce par le chef de l’Etat de la dissolution, dimanche soir. « Je suis abasourdi et inquiet, c’est jouer à la roulette russe », s’alarme le maire d’Evry-Courcouronnes, Stéphane Beaudet (ancien Les Républicains, aujourd’hui sans étiquette). « Chez moi, LFI et le RN atteignent des proportions lunaires » (respectivement 36,7 % et 17 %), relève l’élu, issu de la droite, en soulignant combien, à ses yeux, les deux extrêmes se rejoignent dans les programmes et les méthodes et combien celles-ci le rebutent. « Les plafonds de verre des extrêmes ont sauté », constate le maire, à l’unisson d’autres élus, qui disent l’importance des scores cumulés de LFI et du RN dans leurs territoires.

« Un plafond de plumes »

« Je ne choisirai pas entre LFI et le RN, si c’est le scénario à venir », clame ainsi le maire de Montfermeil (Seine-Saint-Denis), Xavier Lemoine (divers droite). « Avec les législatives, cela va hystériser encore plus les débats. Je ne sais pas comment on s’en sortira dans nos villes », note l’élu, en poste depuis 2002, déjà en première ligne pendant les émeutes de l’automne 2005. A Corbeil-Essonnes (Essonne), où LFI a obtenu 34 % des voix, devant le RN avec 24,2 % des suffrages, le maire, Bruno Piriou (divers gauche), décrit aussi une commune fracturée : « J’ai une ville clivée. Les quartiers ont voté massivement LFI, les zones du centre ont placé Bardella en tête. On a besoin d’une énorme remise en question de la gauche, nous avons une immense responsabilité, c’est d’un aggiornamento que nous avons besoin. Mais en trois semaines, comment faire ? »

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