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Commémorations de l’appel du 18 juin : « Aujourd’hui, l’héritage du général de Gaulle est utilisé à la découpe »

Dans un entretien avec « Le Monde », l’historien Pierre Manenti explique pourquoi et comment des partis politiques de bords opposés trouvent chacun quelque chose à vanter dans le bilan du grand homme.

Propos recueillis par 

Publié le 18 juin 2024 à 17h13, modifié le 18 juin 2024 à 18h06

Temps de Lecture 4 min.

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Dans un entretien publié en 2020, Jean-Luc Mélenchon trouvait des raisons de voir en Charles de Gaulle un bon militant de La France insoumise. En mai 2024, Jordan Bardella, tête de liste du Rassemblement national aux élections européennes, citait le général pour dénoncer la construction de l’Europe de la défense. Le président Emmanuel Macron, quant à lui, invoque régulièrement le grand homme, à qui il a rendu hommage à trois reprises en 2020.

Cinquante-quatre ans après la mort de De Gaulle, et alors que ce 18 juin marque les 84 ans de « l’appel » par lequel il exhorta à la résistance contre les nazis et le régime de Vichy, un grand nombre de formations politiques se revendiquent de son héritage, bien au-delà du centre et de la droite. Comment le comprendre ?

Pierre Manenti, historien de la Ve République, est l’auteur de plusieurs livres sur le général, dont Les Barons du gaullisme (Passés composés, 2024) et Histoire du gaullisme social (Perrin, 2021). Dans un entretien avec Le Monde, il estime que de Gaulle « demeure la référence à une espèce de grandeur révolue », et que son statut d’icône permet à tout un chacun, quand il considère son héritage, de voir « midi à sa porte ».

Des responsables politiques de tous les bords se revendiquent plus ou moins occasionnellement du général de Gaulle. Comment l’expliquer ?

Il y a deux phénomènes. Le premier, c’est que de Gaulle, qui est une personnalité politique, est devenu un objet d’histoire. Dès lors, il n’appartient plus à un parti en particulier, mais à tous les Français. Cela explique que la droite, une partie de l’extrême droite, mais aussi une partie de la gauche se revendiquent de lui aujourd’hui, davantage en tant que figure historique que pour le contenu politique de sa parole.

Le deuxième phénomène, c’est que de Gaulle est un personnage « ensemblier » : on fait souvent référence à l’entretien qu’il a donné à Michel Droit en décembre 1965, pendant la campagne présidentielle, dans lequel il dit que la France, ce n’est pas la gauche, ce n’est pas la droite, c’est tous les Français à la fois. En se plaçant au-dessus des jeux partisans, la sédimentation politique du gaullisme dans le temps a fait que tout le monde a essayé de récupérer une partie de l’héritage, chacun voyant midi à sa porte.

Ce phénomène permet par exemple au Rassemblement national, à l’extrême droite, de se revendiquer parfois du général…

On peut s’étonner que les héritiers d’un parti qui s’est construit en s’opposant à de Gaulle se réclament de lui aujourd’hui – même si les partis évoluent et changent. En tant qu’historien, quand je compare les discours et les valeurs de certains partis avec ce qu’étaient le message, l’ambition et les politiques du général de Gaulle, je suis néanmoins indigné de l’entreprise de récupération. Je pense évidemment aux partis d’extrême droite.

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