Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

« Pas assez français ? Ça n’a aucun sens » : les binationaux blessés par les annonces de Bardella

Ils sont scientifiques, médecins, directrice d’une agence immobilière… et ont deux nationalités. Ils expriment un sentiment profond d’injustice et leurs inquiétudes pour la France.

Par , , , , , , , , , et

Publié le 29 juin 2024 à 05h30, modifié le 29 juin 2024 à 09h38

Temps de Lecture 5 min.

Read in English

Article réservé aux abonnés

Certains sont nés en Algérie, au Maroc, au Liban ou au Cameroun, avant d’émigrer avec leurs parents. D’autres sont nés en France de parents étrangers. Quelques-uns, enfin, se sont installés ici à l’âge adulte et ont acquis la nationalité française par mariage. Depuis lundi 24 juin, jour de la présentation du programme du Rassemblement national (RN) pour les élections législatives par le président du parti d’extrême droite, Jordan Bardella, l’annonce de sa volonté d’interdire certains emplois dits « stratégiques » aux binationaux, inquiète, blesse et révolte ces Français qui ont gardé deux nationalités. « Je me sens comme invitée chez moi », résume Hanane (elle n’a pas souhaité donner son nom), une directrice d’agence immobilière franco-marocaine qui vit au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne).

Avant même de commencer à évoquer leur colère, tous tiennent à dire que les exemples avancés par Jordan Bardella ne trompent personne – il a convoqué à plusieurs reprises l’exemple d’un « Franco-Russe » qui dirigerait « une centrale nucléaire ». « Les Franco-Africains, qu’ils soient d’Afrique noire ou du Maghreb, ont bien compris que cette proposition ne vise pas les Suédois ou les Finlandais », ironise Benoît Onambélé, un Franco-Camerounais qui travaille dans une organisation internationale à Paris. Le sens du mot « stratégique » alimente également les inquiétudes. « Piloter un avion, conduire des transports publics, soigner des patients, n’est-ce pas avoir des vies entre les mains ? », interroge le docteur Djillali Annane, chef du service de réanimation de l’hôpital de Garches (Hauts-de-Seine) et président du Syndicat des médecins réanimateurs.

Ghassan Rachidi est médecin radiologue à Voiron, dans l’Isère. Il a la double nationalité française et libanaise. Il est arrivé en France à l’âge de 17 ans pour suivre des études de médecine. Ici, dans son cabinet médical de Voiron (Isère), le 27 juin 2024. « La France m’a beaucoup donné, mais j’ai aussi beaucoup donné à la France. J’ai fait mes études en même temps que des étudiants nés Français, qui sont d’ailleurs pour la plupart partis dans le privé après l’internat. Moi, j’ai choisi le public, avec toute la pénibilité que cela comporte, et je ne le regrette pas. »

Chacun entretient son propre rapport à la binationalité. Certains n’y avaient jamais vraiment réfléchi, comme les quatre filles de Ghassan Rachidi, raconte ce radiologue franco-libanais installé à Voiron (Isère), arrivé en France pour ses études. Mais pour lui, qui est « 100 % français et 100 % libanais, et même 200 % français », l’impression d’être remis en cause dans son attachement à la France est d’autant plus difficile à supporter qu’il a décidé de devenir français par mariage, à l’âge adulte.

« Comment va-t-on dire à quelqu’un qui a choisi la France, qui en a adopté les valeurs, souvent avant même d’arriver, qu’il n’est pas assez français ? Ça n’a aucun sens… », s’interroge également Ghada Hatem, gynécologue obstétricienne franco-libanaise et fondatrice de la Maison des femmes de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).

« Ce débat est un peu absurde »

Il vous reste 68.71% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.