Mercredi 26 juin, 10 h 30, à l’hôtel Campo dell’Oro, à Ajaccio. Le Rassemblement national (RN) présente enfin à la presse, devant une salle vide, ses quatre prétendants aux élections législatives. A la tribune, François Filoni, vieux routard de la politique, candidat dans la 2e circonscription de Corse-du-Sud et représentant régional du parti d’extrême droite, déroule ses éléments de langage. Pouvoir d’achat, énergie, décentralisation – et non autonomie –, autorité, tout y passe. Le candidat déploie un programme lissé mais laisse cependant échapper un dérapage ou deux, avec, notamment, une remarque sur notre société où « on n’échange pas une femme avec un chameau ».
A ses côtés, trois illustres inconnus, les trois autres candidats RN dans l’île, qui resteront cois pendant cette présentation et qui s’apprêtent à enchaîner, un tantinet stressés, les interviews devant les médias locaux. Regard bleu un peu hagard face aux journalistes, Ariane Quarena, 66 ans, évoque d’une voix chevrotante son engagement dans la 1re circonscription de Corse-du-Sud. En 2022, elle avait découvert la politique comme suppléante de Nathaly Antona, la candidate RN morte subitement, le 18 juin, après son élection au Parlement européen, le 9 juin.
« Je ne veux pas que l’on parle de moi, mais je veux travailler pour la France », insiste cette retraitée, mère de trois enfants qui s’est installée en 2021 à Ajaccio avec son mari, originaire de l’île. C’est en parcourant un tract du RN posté dans sa boîte aux lettres qu’elle dit avoir rejoint ses rangs. Presque par hasard. « L’insécurité et le pouvoir d’achat me préoccupaient », maintient-elle. « Oui, je ne suis pas native de la Corse, cela ne m’empêche pas de l’aimer », se justifie auprès du Monde cette « fille d’un immigré italien qui a choisi de devenir français après son service militaire ». L’un de ses adversaires, le candidat nationaliste Romain Colonna (Femu a Corsica), lui a reproché de ne pas parler la langue corse lors d’un débat sur France 3 Corse Via Stella, avant l’échéance du dimanche 30 juin. « La Corse, c’est la France », lui a-t-elle répondu timidement.
Le soir du premier tour, c’est pourtant Ariane Quarena qui est sortie en tête du scrutin (31,2 %), battant même de 167 voix le très implanté Laurent Marcangeli (Horizons), qu’elle affronte dans un duel au second tour. Ses trois autres compagnons de route ont fait de même, qualifiant pour la première fois dans les quatre circonscriptions insulaires le parti d’extrême droite. Du jamais-vu.
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