Le vertige de la dissolution, le spectre de la victoire de l’extrême droite et, en définitive, un système politique profondément déréglé. Une dizaine de jours après leur élection, les députés de la XVIIe législature se réunissent, jeudi 18 juillet, pour élire le président de l’Assemblée nationale. Le dix-neuvième depuis 1958. Dans un Hémicycle sans majorité, cette première élection interne tient lieu de baromètre des rapports de force entre les différents blocs, de la gauche à l’extrême droite.
Pour la première fois sous la Ve République, l’élection du président de l’Assemblée nationale va rompre avec la logique majoritaire sur laquelle s’est toujours appuyé le quatrième personnage de l’Etat pour être élu et pour construire sa légitimité auprès de ses pairs au Palais-Bourbon et auprès de l’exécutif. Le nouvel occupant du perchoir sera cette fois issu d’un groupe minoritaire, et peut-être même dans l’opposition au gouvernement. « Politiquement, il va falloir que le président de l’Assemblée prouve son utilité dans la période, qu’il se fasse accepter par ceux qui n’ont pas voté pour lui », avance l’ex-garde des sceaux Jean-Jacques Urvoas, auteur d’un Manuel de survie à l’Assemblée nationale (avec Magali Alexandre, Odile Jacob, 2012).
L’élection de jeudi va voir s’affronter dans un suspense entier six députés au cours d’une élection à bulletins secrets, avec trois tours possibles (les deux premiers à la majorité absolue, le troisième à la majorité relative). La campagne s’est faite à bas bruit, rythmée par les tractations discrètes, et des alliances consolidées dans les dernières heures.
Profusion et fragmentation
La présidente sortante, Yaël Braun-Pivet, concourt pour le groupe présidentiel, Ensemble pour la République, et pour ses alliés du MoDem. Le parti d’Edouard Philippe, Horizons, fait bande à part, et présente la députée du Val-d’Oise, Naïma Moutchou. A gauche, le communiste André Chassaigne incarne le compromis trouvé entre les quatre partis du Nouveau Front populaire (NFP). Le groupe du Rassemblement national (RN) et ses alliés ciottistes se sont ralliés derrière Sébastien Chenu (RN, Nord). Le député centriste du groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (LIOT), Charles de Courson, est également en lice. Enfin, à droite, c’est le député des Hauts-de-Seine, Philippe Juvin, qui a été choisi pour représenter le groupe La Droite républicaine.
Cette profusion de prétendants reflète la fragmentation de l’Hémicycle, mais aussi le regain d’intérêt pour une fonction qui a vocation à devenir centrale dans la confusion politique qui s’installe, avec un gouvernement Attal démissionnaire, chargé de la gestion des affaires courantes. Lequel pourrait perdurer au moins jusqu’à la fin des Jeux olympiques, le 11 août. L’Assemblée nationale ne peut se référer à aucun gouvernement pour établir le cadre de son action.
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