D'abord, il y a eu l'annonce qu'il faudrait changer son bridge de trois dents. Puis celle du montant : 2 420 euros. Une sacrée somme pour Catherine Delaloy, qui en touche 1 500 par mois. « Ce prix ne m'étonne pas vraiment, mais il m'embête », lâche la jeune retraitée de 68 ans. « Combien restera-t-il à ma charge, après remboursement de la Sécu et de ma mutuelle ? » « Comment vais-je payer ? » « Faut-il le faire poser ou pas ? » Toutes ces questions, Catherine Delaloy se les est posées. Qui ne l'a pas fait, en recevant le devis d'un chirurgien-dentiste ?
Cette femme, qui a travaillé dans l'immobilier, a tranché. « Je vais le faire, j'en ai besoin, car l'ancien bridge bougeait. Et puis après, j'aurai intérêt à bouffer des nouilles !, s'amuse-t-elle. J'ai dit à mon dentiste que c'était très cher, mais je n'ai pas discuté. » Elle sait qu'il pourra lui accorder des facilités de paiement (règlement en plusieurs fois ou encaissement du chèque après les remboursements) : ils ont déjà procédé ainsi.
La somme de 2 420 euros lui paraît vraiment élevée. C'est plus que son loyer de 1 000 euros par mois, plus que ses revenus mensuels, plus que son déménagement. Elle s'apprête en effet à quitter, à regret, son appartement de Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine) pour aller vivre en Charente-Maritime où elle possède une maison. Désormais seule, elle n'a plus de quoi payer ce logement.
« PAS DU GENRE À COMPARER »
Ce n'est pas avec ce qu'elle gagne qu'elle va régler son bridge, mais avec un bout d'héritage, dont il ne restera ensuite plus rien. Pas le choix, là non plus. « Ce n'est clairement pas donné à tout le monde. Si je n'avais que mes revenus, je ne serais pas en capacité de réaliser ces soins. »
Combien paiera-t-elle, au final ? Elle n'en sait strictement rien. Le dentiste lui a indiqué que la Sécurité sociale lui remboursera 524 euros. Elle attend une réponse de sa mutuelle, dont la cotisation lui coûte 90 euros par mois. Sur son contrat, il est indiqué le taux de 370 %. « Qu'est-ce que c'est compliqué leur truc !, s'exclame-t-elle. C'est part de la Sécu comprise ou pas ? » Avec une amie, elles réfléchissent, s'essayent à un calcul. Elles en concluent, sans aucune certitude et à la louche, qu'il restera environ 500 euros à sa charge. Catherine Delaloy se dit soulagée, avant de se raviser : « Si c'est ça, c'est moins que ce que je craignais certes, mais c'est quand même beaucoup quand on a un budget de 1 500 euros par mois. »
Essayer de réduire la facture en se renseignant sur les tarifs d'autres professionnels ne lui viendrait pas à l'idée. Elle n'est « pas du genre à comparer ». Une amie lui a bien suggéré d'aller dans un centre de soins. Il n'y en a pas dans sa ville, a-t-elle répondu, croyant à tort qu'elle n'avait pas le droit de fréquenter ceux des communes voisines. Tout compte fait, c'est chez son dentiste qu'elle veut aller. « Cela fait plus de trente ans qu'il me soigne. Avec lui, j'ai toute confiance. »
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