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Le visage crispé, mal rasé, un homme est allongé tout habillé sur le lit. Le docteur Ayse Can lui explique en turc qu'il est atteint d'une tuberculose osseuse qui attaque les vertèbres, le mal de Pott. Safat C. était venu ce matin de novembre sur ses deux jambes aux urgences de l'Hôpital privé de la Seine-Saint-Denis (HPSSD) pour un mal de dos. Kurde, travaillant dans un restaurant du quartier, il va devoir être hospitalisé dans le service de médecine, deux étages plus haut, et démarrer immédiatement un traitement antibiotique lourd. Ayse Can est la seule turcophone de l'équipe de médecins urgentistes dirigée par Amar Amrane, qui, lui, parle également l'arabe et le berbère.
Cet hôpital, implanté à cheval sur les communes du Blanc-Mesnil et de Drancy, s'est adapté à ces patients qui parlent mal ou pas le français. A l'accueil sont recensés les membres du personnel pouvant servir d'interprètes en kabyle, roumain, vietnamien, lingala, etc. En tout, vingt-trois langues sont répertoriées.
Mais le caractère peu banal de ce service d'urgences est ailleurs : nous sommes dans une entreprise. L'Hôpital privé de la Seine-Saint-Denis (HPSSD) appartient depuis 2006 au premier groupe français d'établissements de soins privés, la Générale de santé, cotée en Bourse.
Amar Amrane et ses trois associés urgentistes y exercent en libéral et gagnent très bien leur vie… sans pratiquer le moindre dépassement d'honoraires ni travailler plus que lorsqu'ils étaient à l'hôpital public. Leurs revenus proviennent intégralement de la Sécurité sociale, qui les calcule en fonction de chaque acte médical. En échange de la mise à disposition de l'infrastructure, l'établissement perçoit une redevance de moins de 5 % du chiffre d'affaires des médecins. Et 800 000 euros de subventions de l'Agence régionale de santé, le régulateur public. Plus de cent médecins exercent ainsi dans cet hôpital, une multitude d'entités y prospèrent. Avec des statuts et des politiques tarifaires indépendantes. « Nous n'avons aucun intérêt aux dépassements d'honoraires », assure Yves Thiery, le directeur de l'HPSSD.
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