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Les bénéfices objectifs de la légalisation du cannabis

Une analyse inédite de Terra Nova prouve qu’une régulation par les prix serait plus efficace que la répression pour limiter la consommation. Et rapporterait près de 2 milliards d’euros.

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Publié le 18 décembre 2014 à 12h48, modifié le 19 août 2019 à 13h59

Temps de Lecture 6 min.

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« La nécessité de l’interdit » du cannabis avait été mise en avant par le candidat Hollande en 2012. Circulez, il n’y a rien à voir : les législations évoluent ici ou là, mais en France la question de la stratégie à adopter n’est pas posée. Elle mérite pourtant de l’être : une étude de Terra Nova, think tank connu pour ses positions libérales sur les sujets de société, dont Le Monde publie les conclusions en exclusivité, relève qu’un cadre moins répressif pourrait avoir un résultat plus satisfaisant pour limiter la consommation d’un produit devenu courant, mais dont la consommation précoce est dangereuse. Et qui pourrait rapporter près de 2 milliards d’euros par an à l’Etat.

Intitulée « Cannabis : réguler le marché pour sortir de l’impasse », la note signée par deux économistes connus pour leur travail sur la drogue, Christian Ben Lakhdar (Université Lille 2) et le professeur Pierre Kopp (Panthéon-Sorbonne), ainsi que par Romain Perez, responsable du pôle économie et finances de Terra Nova, elle mesure l’impact d’une modification de législation sur les quantités vendues, les finances publiques, le marché noir – et surtout le nombre d’usagers. Une première, qui permet d’y voir plus clair alors que la peur d’une éventuelle hausse de la consommation bloque toute réflexion. L’étude montre en outre que jouer sur les prix peut être plus efficace qu’interpeller et poursuivre.

« La politique de répression est en échec en France », relèvent les trois économistes : malgré l’arsenal répressif, la prévalence (part des individus ayant consommé du cannabis dans l’année), 8,4 % chez les 15-64 ans, est l’une des plus élevées d’Europe. 550 000 Français fument quotidiennement des joints. Surtout, cette politique coûte cher. Elle capte une part considérable des ressources allouées au maintien de l’ordre public et à la justice. Au total, 568 millions d’euros sont consacrés chaque année au cannabis, les seules interpellations comptant pour 300 millions. S’y ajoute le coût social indirect : la déstabilisation de quartiers par le trafic, la consommation de produits frelatés…

Le système n’atteignant pas ses objectifs, les auteurs ont étudié trois alternatives susceptibles d’obtenir de meilleurs résultats.

Scénario 1 : dépénalisation de l’usage

Ce scénario consiste à supprimer les sanctions en cas de détention de cannabis à des fins personnelles, comme au Portugal ou en Espagne. Un tel scénario permettrait de réduire de 55 % le coût (policier, judiciaire et carcéral) de la répression, soit une économie de 311 millions par an, mais pas d’enregistrer de nouvelles recettes fiscales. En outre, elle ne permettrait pas de contrôler le prix, déterminant essentiel de la demande, et n’offrirait donc pas d’outil pour influer sur la consommation. Le prix resterait inchangé puisque les vendeurs supporteraient le même risque. La hausse du trafic serait de 16 %. Il y aurait 6 000 consommateurs quotidiens de plus (12 %), et 309 000 consommateurs occasionnels supplémentaires.

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