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L’alcool, présent dans un féminicide sur trois

La consommation d’alcool, pendant les années de violence qui précèdent le meurtre ou le jour du passage à l’acte, demeure néanmoins un élément récurrent, ainsi qu’un signal d’alerte, de ce type d’homicide.

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Publié le 12 mars 2020 à 11h06, modifié le 16 mars 2020 à 12h13

Temps de Lecture 2 min.

A Saint-Christol-lès-Alès (Gard), le 31 juillet 2018, Artur a tué son ex-compagne Ana d’une balle à bout portant. Avant de passer à l’acte, il avait consommé un cocktail d’alcool, de cocaïne et de médicaments. Sylvie Salmon, tuée à Artigues-près-Bordeaux (Gironde) le 25 octobre, ou Sonia Baillot d’Etiveaux, tuée à Niort le 23 mai 2018, avaient quitté leurs conjoints respectifs, alcooliques et violents, avant que ces derniers ne les harcèlent et ne les tuent.

La consommation d’alcool, et plus généralement de psychotropes, est un marqueur classique des violences, quelles qu’elles soient. Cette circonstance ne permet pas d’éclairer à elle seule le phénomène des féminicides conjugaux, dont le principal déclencheur est dans la grande majorité des cas la séparation. La consommation d’alcool, que ce soit pendant les années de violence qui précèdent le meurtre ou le jour du passage à l’acte, demeure néanmoins un élément récurrent, ainsi qu’un signal d’alerte, de ce type d’homicide.

Selon la Délégation aux victimes du ministère de l’intérieur, de l’alcool avait ainsi été consommé par près d’un auteur d’homicide conjugal sur trois en 2018, que ce soit par habitude quotidienne ou pour désinhiber le passage à l’acte dans certaines affaires de meurtre avec préméditation. Des stupéfiants (12 % des cas) et les médicaments (7 %) sont aussi présents, parfois, en sus de l’alcool.

L’alcool augmente l’agressivité

S’il y a une « corrélation statistique » démontrée entre alcool et violences, il est plus complexe d’établir systématiquement « une causalité entre les deux », souligne Laurent Bègue, professeur de psychologie sociale. L’alcool augmente l’agressivité, mais le contexte est important. Sa consommation restreint les capacités cognitives de l’individu (raisonnement, attention, autocontrôle, etc.), qui focalisera dès lors son attention sur les informations les plus saillantes et jugera souvent le comportement des autres comme hostile, ce qui pourra déclencher une réponse violente.

Dans une optique de prévention, la psychiatre légiste Alexia Delbreil, auteure d’une thèse intitulée « Homicide conjugal : profil de l’auteur et facteurs prédictifs de passage à l’acte » en 2011, estime ainsi que « la présence cumulée de l’alcoolisme chronique et de la violence conjugale physique doit attirer l’attention dans l’évaluation du risque d’homicide conjugal ».

Michel Reynaud, président du Fonds actions addictions et coauteur en octobre 2019 d’une lettre ouverte au gouvernement pour que la thématique de l’alcool et des drogues soit présente lors du Grenelle contre les violences conjugales qui s’est conclu en novembre, regrette le manque de mesures concrètes. « L’alcool est l’un des paramètres sur lesquels il est le plus facile d’agir, explique-t-il. Si on ne traite pas le problème d’alcool, le violent restera violent. »

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