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Transsexuels : donner le temps de choisir

Ils sont nés garçon et se vivent fille, ou inversement. Pour ces enfants, un centre à Amsterdam propose un traitement hormonal qui bloque la puberté le temps de s’affirmer sexuellement. Une méthode qui commence à séduire en France. Enquête.

Par  (Amsterdam, envoyée spéciale)

Publié le 13 janvier 2015 à 19h08, modifié le 19 août 2019 à 13h48

Temps de Lecture 11 min.

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« Ça commençait à pousser là-haut », raconte Niels en voûtant un peu plus ses épaules tout en jetant un regard furtif vers sa poitrine. Manifestement, à voir son rictus de dégoût, cette sensation nouvelle l’écœurait. Sterre aurait bien aimé, elle, sentir sa poitrine naître. Mais c’est un fin duvet qui commence à apparaître au-dessus de ses lèvres… à son plus grand désespoir. Niels a 13 ans. Il est né Kyara, avec deux chromosomes X et l’équipement complet des filles. Sterre, 12 ans, est née Tibor, et son chromosome Y la rangeait d’office du côté des garçons. Sauf que ni l’un ni l’autre ne se sont jamais sentis dans leur sexe biologique.

« Il y a eu une erreur d’attribution : nous ne sommes pas nés avec le bon sexe », affirment ces deux adolescents hollandais de Zaandam, une grosse bourgade située à une vingtaine de kilomètres d’Amsterdam. Or l’« erreur » ne sera pas réparable avant 18 ans, âge à partir duquel la plupart des pays acceptent d’opérer ces jeunes souffrant de dysphorie de genre (le fait de s’identifier à l’autre sexe, aussi appelé transsexuelisme, transgenre ou encore incongruence de genre).

Mais aux Pays-Bas, une solution leur est offerte dès 12 ans : un traitement hormonal qui bloque la puberté et évite de subir les transformations non désirées de leur corps. Un traitement également proposé aux Etats-Unis, au Royaume-Uni ou Canada, mais encore rarissime en France (une dizaine de cas recensés).

Le Centre d’expertise de la dysphorie de genre se trouve dans l’hôpital universitaire d’Amsterdam, le VU Medical Center. Au premier étage d’un bâtiment sans charme, les enfants et adolescents qui ne se sentent pas en phase avec leur sexe défilent, accompagnés de leurs parents. Ce centre pluridisciplinaire, où l’on croise des endocrinologues, des pédiatres, des psychologues ou encore des pédopsychiatres, est considéré comme pionnier dans la prise en charge des jeunes transsexuels. C’est ici que le traitement visant à bloquer la puberté a été utilisé pour la première fois, à la fin des années 1990. Depuis, pas moins de 300 adolescents comme Niels et Sterre ont débuté ce programme thérapeutique. « Le nombre de consultations ne cesse de croître. Nous avons une liste d’attente de trois à quatre mois malgré l’ouverture d’un deuxième centre à Leiden en 2011 », indique Annelou De Vries, la pédopsychiatre du centre.

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Deux observations principales ont conduit cette équipe à mettre en place un tel traitement. La première réside dans l’absence d’effet des psychothérapies chez ces jeunes adolescents. Et la seconde, dans leur souffrance durant la puberté : nombre de jeunes transsexuels tombent en dépression, décrochent au niveau scolaire, s’isolent. Le taux de suicide dans cette minorité est effroyablement élevé : d’après certaines études américaines, entre 40 % et 45 % des transsexuels adultes ont déjà fait une tentative de suicide, ce taux grimpant à plus de 75 % dès lors que ces personnes ont subi des violences physiques ou sexuelles.

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