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Dépister l’anémie à l’aide d’un smartphone

L’algorithme élaboré par une équipe britanno-ghanéenne permet d’évaluer le taux d’hémoglobine par analyse chromatographique, à partir de photos du visage.

Par  et

Publié le 24 mars 2023 à 06h30, modifié le 24 mars 2023 à 15h22

Temps de Lecture 2 min.

Considérable problème de santé publique, l’anémie concerne environ un quart de la population mondiale et plus de six enfants de moins de 5 ans sur dix en Afrique, continent le plus touché selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Souvent conséquence de carences nutritionnelles, notamment en fer, cette affection se caractérise par un faible taux d’hémoglobine (Hb) dans le sang. Elle provoque fatigue, essoufflement, pâleur, mais aussi, pour les plus petits, une fragilité face aux maladies infectieuses et des freins au développement cognitif.

Et si un simple smartphone permettait, par analyse chromatographique, de dépister ce fléau ? C’est la piste suivie par des scientifiques pluridisciplinaires de l’University College de Londres et de l’université médicale d’Accra, dont la recherche a été publiée, le 3 mars, dans PLOS One. La même équipe avait travaillé en 2020, avec succès, sur une application – en attente de certification CE – détectant par chromatographie l’ictère – communément appelé « jaunisse » – chez des nouveau-nés. Pour cette nouvelle étude, la protéine d’hémoglobine étant responsable de la couleur rouge du sang, les chercheurs ont identifié des zones photographiables d’un visage, dont la pâleur pourrait être reliée au degré d’anémie, quelle que soit la couleur de la peau : le blanc de l’œil, les paupières et la lèvre inférieure.

Soixante-deux patients de moins de 4 ans du Korle Bu Teaching Hospital à Accra ont ensuite été recrutés – « selon les protocoles éthiques des deux hôpitaux, britannique et ghanéen », précise la publication – pour être photographiés. Ces données, exploitables pour quarante-trois d’entre eux, ont permis d’alimenter un algorithme d’apprentissage qui peut désormais mesurer un taux d’anémie avec une précision de 91 %, une sensibilité (vrai positif) de 93 % et une spécificité (vrai négatif) de 90 %. « Nous sommes à l’étape de la preuve de concept, explique Terence Leung, auteur principal de l’étude. Plusieurs défis techniques nous attendent encore, tels l’amélioration du format de l’image, l’utilisation d’autres marques de smartphones ou l’élargissement de l’échantillon testé, car il n’est pas simple de photographier dans de bonnes conditions de petits enfants. »

« Des contrôles à moindre coût »

Selon le chercheur, « les smartphones, désormais répandus dans le monde entier, sont dotés d’appareils photo et de capteurs puissants, ce qui les rend attrayants pour faire des contrôles médicaux à moindre coût et à faible impact environnemental, le téléphone ayant déjà été acheté », précise-t-il. Un argument que les auteurs mettent en avant face à l’HemoCue, instrument portable de diagnostic de l’anémie utilisé depuis plusieurs décennies sur le terrain. Celui-ci « a un coût initial important et certains composants ont une durée de vie relativement courte, d’environ deux ans », précisent les scientifiques. « De plus, l’HemoCue nécessite toujours un échantillon de sang, même s’il s’agit d’une simple piqûre au doigt, et reste limité aux environnements de soins de santé. »

A court terme, l’équipe anglaise veut observer comment cette méthode fonctionne dans des groupes différents de population et « a lancé une recherche auprès de femmes enceintes en Inde », précise Terence Leung. D’Amiens, le pédiatre François-Marie Caron, ancien président de l’Association française de pédiatrie ambulatoire, trouve cette approche « enthousiasmante ». Il développe : « Ces scientifiques sont encore au stade de la recherche, mais celle-ci vaut d’être poursuivie, notamment dans les pays en voie de développement. La piste des femmes enceintes est également très intéressante, car les réserves de fer du nouveau-né sont directement liées au stock de la mère en fin de grossesse. »

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