![Sarah Watson, en juillet 2020.](https://img.lemde.fr/2023/03/29/0/0/3903/2602/664/0/75/0/733441d_1680107724325-sarah-watson.jpg)
Neuf mètres carrés au calme. Dans ce bureau aveugle aux murs blancs de l’Institut Curie, à Paris, Sarah Watson, heureuse d’avoir récupéré ce petit cocon de réflexion, se pose entre deux mondes : son laboratoire tout proche, égayé de plantes, et lieu principal de recherche de son équipe sur le sarcome (tumeur maligne des tissus mous ou osseux) et, au bout d’un dédale de portes et de couloirs, le bureau collectif de soins partagé avec les équipes hospitalières. Deux ambiances aux antipodes pour cette défricheuse de 37 ans au visage solaire, qui, depuis ses études supérieures, se frotte à des approches pluridisciplinaires.
Arrivée parmi les premières au concours de médecine de Paris à l’âge de 17 ans, elle suit le conseil du doyen de la faculté et tente le concours de l’Ecole normale supérieure, « raté d’un point à Paris, mais réussi à Lyon », se souvient encore cette bosseuse opiniâtre, qui affirme avec franchise « souffrir toujours du syndrome de l’imposteur ». Désormais médecin et biologiste, elle est la première oncologue de l’institut à mener de front depuis six ans une double carrière de recherche et de soins. Ce choix pionnier a tracé la voie à d’autres profils transversaux.
Du temps protégé pour la recherche
« Mon directeur de thèse, le professeur Olivier Delattre [Prix Inserm 2022], m’a demandé si je voulais vraiment cumuler les deux métiers… J’ai répondu par l’affirmative, mais les premières années ont été très difficiles, les soins étaient de fait toujours prioritaires, la recherche se faisant principalement le soir et les week-ends. » Financée pendant deux ans par la Fondation Bettencourt, Sarah Watson a tenu bon, puis… a été aidée en haut lieu.
Le conseil scientifique de l’Institut Curie – composé de chercheurs de renommée internationale et présidé par la généticienne britannique Edith Heard – devant lequel elle passe, en 2019, soutient sa double démarche, et l’institut dégage du temps protégé pour ses recherches. Une bouffée d’oxygène, puis des moyens, pour celle qui reconnaît devoir travailler sur elle pour fixer des limites : « Depuis peu, j’arrive à ne plus répondre systématiquement au téléphone de garde de l’hôpital », petit objet gardé tout de même à portée de main sur la table pendant notre entretien.
« Sarah est extrêmement déterminée à faire avancer la recherche et les approches thérapeutiques sur les patients dont elle s’occupe, qui ont des pathologies très, très graves, avec des taux de succès encore faibles », commente le professeur Olivier Delattre. « C’est une personnalité forte et très importante dans ce continuum entre recherche et clinique, qui est un peu l’ADN de l’institut, avec notre fondatrice, Marie Curie. »
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