C’est une célèbre surface rocheuse plane, qui était autrefois le fond d’un estran à marée basse ou d’un lagon peu profond, dans l’actuel Kwazulu-Natal, une province côtière d’Afrique du Sud. Célèbre pour les paléontologues, car elle contient de nombreux fossiles et traces de tétrapodes (animaux à quatre pattes), de poissons et d’invertébrés.
David P. Groenewald, de l’université du Witwatersrand (Johannesburg), et ses collègues se sont intéressés à sept empreintes importantes (photo de gauche) laissées il y a 255 millions d’années par le corps d’animaux qui se posaient sur le fond sablonneux ou qui se déplaçaient. Selon les travaux des scientifiques, publiés le 29 mars dans PLOS One, il s’agit d’amphibiens de la famille des rhinésuchidés. D’une longueur d’environ 1,90 mètre, ces sortes de salamandres géantes se déplaçaient à la manière des crocodiles, bien avant l’apparition de ces derniers sur Terre (167 millions d’années). Elles repliaient leurs pattes le long du corps et nageaient en ondulant la queue. La photo de droite montre une trace laissée par un alligator actuel du Mississippi (Etats-Unis).
Des traces d’ondulation repérées
Ces grandes empreintes datant de la fin du permien avaient été observées sur la paléosurface sud-africaine baptisée Dave Green et examinées il y a quelques décennies. Mais c’est grâce à de nouvelles techniques d’imagerie qu’elles ont pu être interprétées. En effet, sur ce plan rocheux légèrement incliné, les empreintes ont parfois une profondeur d’à peine quelques millimètres. Ce qui empêchait de travailler selon la technique classique du moulage.
C’est à l’aide de scanners de surface tridimensionnels (3D) à haute résolution et d’orthophotographies aériennes que la première description complète des grandes empreintes de ce site a pu être réalisée par David P. Groenewald. L’étude des ichnofossiles (traces d’activité biologique fossilisées) a donc pu commencer. Si le plat laissé par le poids d’un corps au repos au fond de l’eau est aisément reconnaissable (ces empreintes font entre 1 mètre et 1,60 mètre sans la tête), de fines lignes lissées dessinées sur la roche n’avaient pas été identifiées jusqu’ici. Il s’agirait donc, selon les paléontologues de l’université du Witwatersrand, des traces laissées par l’ondulation de la queue des amphibiens lors de leur nage.
Des études approfondies sur plusieurs oligo-éléments permettent même de conclure que l’eau dans laquelle se mouvaient ces rhinésuchidés était probablement de saumâtre à douce. « Ces traces fournissent les preuves d’un comportement actif de nage et de marche sur le fond chez les amphibiens rhinésuchidés, peut-être lorsqu’ils cherchaient de la nourriture ou qu’ils chassaient », écrivent en conclusion les auteurs de l’étude.