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Après l’accouchement, le cerveau des femmes n’est plus tout à fait le même

Dans sa Carte blanche au « Monde », la chercheuse en psychologie Sylvie Chokron détaille les travaux qui montrent comment des changements dans la matière grise et blanche s’installent durablement après l’accouchement.

Publié le 14 avril 2023 à 12h00, modifié le 20 avril 2023 à 12h58 Temps de Lecture 2 min. Read in English

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Etre enceinte, ce n’est pas juste avoir des envies étranges, manger pour deux ou se préparer à moins dormir… C’est également subir des transformations biologiques de fond. Et si vous pensez que cela ne dure que pendant les neuf mois de grossesse, détrompez-vous !

Les recherches récentes montrent que la physiologie des mères se modifie pendant les années, voire les décennies, qui suivent la naissance de leur enfant. Mais cela ne s’arrête pas là. Avoir un enfant transforme un adulte en un parent. C’est dire à quel point ce n’est pas juste le corps mais également l’esprit qui se modifie de manière radicale. Si l’on imagine bien à quel point la maternité entraîne des changements sur le plan psychologique, on n’est pas forcément conscient de ce qui se passe concrètement sur le plan cérébral.

Elseline Hoekzema, de l’université d’Amsterdam, et ses collègues de l’université de Madrid ont eu la possibilité de suivre la morphologie de la substance grise cérébrale de femmes avant et après la grossesse, et ce, jusqu’à deux ans après l’accouchement, comparée à celles de pères et de femmes contrôles n’ayant jamais eu d’enfant. Les résultats de cette première étude d’envergure sont édifiants. Ils révèlent que la grossesse est spécifiquement associée chez les mères à des modifications notables et durables du volume de la matière grise cérébrale, avec notamment la réorganisation d’une petite région connue pour son implication dans la cognition sociale et en particulier dans la capacité que nous avons de nous mettre à la place d’autrui. Voilà qui est précieux pour donner un sens aux réactions du nouveau-né, qui ne peut pas s’exprimer verbalement. Mais ce n’est pas tout.

Il se trouve que la région cérébrale qui se modifie est quasi superposée avec celle qui s’active lorsque les mères regardent leur bébé après l’accouchement. Enfin, le degré de modification de volume de cette aire cérébrale avec la grossesse permet de prédire le niveau d’attachement de la mère vis-à-vis de son bébé. D’après les auteurs, cette plasticité cérébrale pourrait donc véritablement sous-tendre le processus de transition vers la maternité. Pour finir, la session d’enregistrement réalisée à distance de l’accouchement révèle que ces modifications perdurent au moins deux ans après la grossesse et démontre à quel point la maternité modifie le cerveau des mères de manière durable.

En quelques jours seulement

Forte de ces résultats, la même équipe a pu récemment montrer que la grossesse modifie également la matière blanche et, en particulier, le réseau du « mode par défaut ». Celui-ci constitue en quelque sorte la signature cérébrale de notre moi et se transforme également lorsqu’une femme devient mère. Cette reconfiguration de l’architecture neuronale serait essentiellement liée au taux d’œstradiol libéré au troisième trimestre de grossesse et semble également déterminer l’attachement ainsi que la réactivité de la mère aux signaux du nourrisson. Les mères le savent bien, leur bébé est une partie d’elles-mêmes et le reste pendant de longues années !

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