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Trois ans après l’irruption du SARS-CoV-2, le boom des laboratoires biologiques de haute sécurité

La hausse du nombre d’installations étudiant les agents pathogènes les plus dangereux nécessite, selon des universitaires, un renforcement de la surveillance de leur activité. Une préoccupation aussi évoquée par des experts devant l’Académie de médecine française.

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Publié le 21 avril 2023 à 06h00, modifié le 03 mai 2023 à 12h49

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En 2020, l’initiative Global BioLabs, lancée par un groupe d’universitaires, s’était donné pour mission de recenser les installations dans lesquelles sont étudiés les agents pathogènes les plus dangereux, responsables de maladies infectieuses pour lesquelles aucun traitement n’est parfois disponible, du type Ebola, Lassa ou encore variole. Ces laboratoires sont dits « de biosécurité de niveau 4 » (BSL-4 ou P4 en France). Filippa Lentzos (King’s College, Londres) et ses collègues avaient identifié, en 2021, 59 laboratoires BSL-4 en opération, en construction ou en projet, dans 23 pays. Dans son dernier rapport, publié en mars 2023, Global BioLabs en compte 10 de plus, répartis désormais dans 27 pays au total, et appelle à un renforcement de la supervision internationale de leurs activités.

Une séance sur l’origine du Covid-19 organisée mardi 18 avril à l’Académie nationale de médecine française a fait écho à ces préoccupations, plusieurs experts appelant à un arrêt de certaines expériences visant à rendre plus pathogènes ou transmissibles virus et bactéries – parfois désignées sous le terme de « gain de fonction » –, lesquelles ne sont d’ailleurs pas toujours conduites dans les laboratoires les plus sécurisés.

Une augmentation du nombre de ces installations avait déjà eu lieu à la suite d’attaques, avec des envois de lettres contenant de l’anthrax aux Etats-Unis en 2001, et après l’épidémie de SARS, en 2003, en Asie. Cette fois, « la pandémie de Covid-19 a déclenché un nouveau boom de construction des laboratoires BSL-4 », indique le rapport de Global BioLabs. « Le plus frappant est que la majorité des laboratoires en construction et en projet se situent dans des pays qui ne disposaient pas de telles installations, et qui n’ont parfois pas non plus le cadre réglementaire pour conduire ces activités », note Filippa Lentzos. Le rapport cite ainsi, parmi les aspirants au club des BSL-4, le Brésil, la Côte d’Ivoire, le Kazakhstan, les Philippines, l’Arabie saoudite, Singapour et l’Espagne.

Le risque dual peu pris en compte en France

« Ce n’est pas une mauvaise chose en soi que ces laboratoires soient construits et qu’ils offrent de meilleures conditions aux chercheurs pour étudier des agents pathogènes dangereux, précise la chercheuse en biosécurité Filippa Lentzos. Mais ces activités comportent des risques de sûreté, de sécurité et d’usage dual. Il faut être sûr que les bénéfices outrepassent ces risques. » Précisons que, selon Global BioLabs, la biosafety désigne toutes « mesures et pratiques de confinement qui peuvent être utilisées pour empêcher le rejet accidentel ou l’exposition non intentionnelle à des agents biologiques ou à du matériel biologique » ; la biosecurity concerne la « prévention d’un accès non autorisé ou de la perte, du vol, du mésusage, du détournement ou du rejet intentionnel » de ces agents pathogènes. L’usage dual désigne le fait que certaines recherches civiles peuvent avoir des retombées militaires et/ou terroristes et être détournées à cet effet. En France, la traduction de ces termes tels que définis dans le code de santé publique - sécurité biologique correspond à biosafety et sûreté biologique à biosecurity - peut être source de confusion.

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